L'ONU avertit les talibansLes femmes sont «une ligne rouge»
sn, ats
24.8.2021 - 10:25
sn, ats
24.08.2021, 10:25
24.08.2021, 11:45
ATS
L'ONU avertit les talibans que les droits des femmes afghanes constituent «une ligne rouge» à ne pas violer. Le Conseil des droits de l'homme a entamé mardi à Genève une session spéciale. Un projet de résolution ne prévoit pas de mécanisme d'investigation.
Ces dernières semaines, l'avancée rapide des talibans s'est accompagnée d'accusations d'exécutions sommaires, de viols et d'autres violations des droits humains. L'ONU a reçu des «indications crédibles», a affirmé devant le Conseil la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet.
De début janvier à fin juin, le nombre de victimes civiles a progressé de 50%. Il ne fait aucun doute qu'il a encore augmenté depuis début juillet, a aussi dit Mme Bachelet.
Avec l'arrivée des talibans, «il y a d'importantes craintes» pour les femmes, les travailleurs des médias, les membres des minorités et les représentants de la vie civile. La Chilienne a relevé que les nouveaux gouvernants avaient fait des promesses sur les droits humains. «A charge pour les talibans de convertir leurs engagements dans la réalité», dit-elle.
Outre les garanties sur les libertés, elle fait de la situation des femmes «une ligne rouge» pour la communauté internationale. Celles-ci constituaient plus d'un quart des parlementaires et 20% des fonctionnaires. Elles doivent continuer à siéger au gouvernement, de même que des représentants des minorités, ajoute la Haute commissaire.
Soutenue par la Suisse
Elle appelle aussi les talibans à garantir l'assistance humanitaire. En un an, le nombre de personnes qui ont besoin d'aide a doublé à 18 millions. Au total, plus de 3,5 millions sont déplacées. La situation devrait encore se détériorer.
Un projet de résolution doit être discuté dans l'après-midi par les Etats membres lors de cette 31e session spéciale soutenue par des dizaines de pays dont la Suisse. Il souligne le «besoin» d'une investigation rapide sur toutes les accusations de violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH). Sans pour autant prévoir de lancer un mécanisme international pour mener celle-ci.
Mme Bachelet, qui souhaitait pourtant un mécanisme sur l'Afghanistan, devrait seulement rendre un rapport à l'instance onusienne dans six mois et le projet ne fait qu'exprimer une «grave inquiétude» sur les abus perpétrés. Autre indication, les talibans ne sont pas mentionnés une seule fois dans le projet.
De nombreuses ONG avaient appelé à une investigation internationale. Sans attendre, a demandé le directeur exécutif d'Human Rights Watch (HRW) Kenneth Roth. Le projet de résolution est «très décevant», a déploré une rapporteuse spéciale qui demande un plan pour protéger les femmes afghanes.