Iran Les forces de sécurité tirent sur des manifestants

ATS

26.10.2022 - 11:14

Les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu mercredi, selon une ONG, sur des manifestants rassemblés dans la ville d'origine de Mahsa Amini. Des milliers de personnes y avaient assisté à une cérémonie d'hommage à la fin du deuil traditionnel de 40 jours.

Drapeau avec le portrait de Mahsa Amini (archives).
Drapeau avec le portrait de Mahsa Amini (archives).
ATS

«Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et ouvert le feu sur les gens sur la place Zindan à Saghez», a annoncé sur Twitter Hengaw, un groupe de défense des droits des Kurdes d'Iran, basé en Norvège.

Défiant un dispositif de sécurité renforcé, criant «Femme, vie, liberté» ou «Mort au dictateur», une foule de femmes et d'hommes s'était réunie depuis le matin autour de la tombe de la jeune femme dans le cimetière Aichi de Saghez, la ville d'origine de Mahsa Amini au Kurdistan, dans l'ouest de l'Iran, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Cette Kurde iranienne de 22 ans était décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation à Téhéran, où elle était en visite avec son jeune frère, par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant notamment le port du voile pour les femmes.

Parents de Mahsa Amini menacés

Sa mort a déclenché une vague de contestation sans précédent depuis trois ans, qui se poursuit à travers l'Iran. Jeunes femmes et écolières sont montées en première ligne, beaucoup tête nue, brûlant leur voile et bravant les forces de sécurité.

Mercredi, 40e jour suivant la mort de Mahsa Amini, marquait la fin de la période de deuil traditionnel en Iran. Dès mardi soir, les autorités ont renforcé leur dispositif à Saghez, déployant des forces sur une place centrale. Les accès à la ville auraient également été bloqués.

Selon des militants des droits humains, les forces de sécurité avaient mis en garde les parents de la jeune femme contre l'organisation d'une cérémonie d'hommage sur sa tombe, allant jusqu'à menacer «la vie de leur fils».

«L'année du sang»

Malgré cela, les fidèles ont commencé tôt mercredi à rejoindre le cimetière, où selon l'agence iranienne Fars environ 2000 personnes se sont rassemblées.

Mais des images mises en ligne par des militants et des défenseurs des droits humains montraient une foule très nombreuse, en voiture et à moto, à pied à travers champs et le long des routes, ou même traversant une rivière.

Frappant des mains, criant, klaxonnant, la foule a envahi la route principale reliant Saghez au cimetière situé à huit kilomètres, selon des images mises en ligne par Hengaw, que cette ONG a déclaré à l'AFP avoir vérifiées.

«Cette année est l'année du sang, Seyed Ali sera renversé», criait un groupe sur une vidéo authentifiée par l'AFP, en référence au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

«Kurdistan, le cimetière des fascistes»

«Kurdistan, Kurdistan, le cimetière des fascistes», scandait un autre groupe, sur une vidéo partagée sur Twitter, que l'AFP n'a pas pu authentifier dans l'immédiat.

Dans plusieurs villes du Kurdistan, «Sanandaj, Saghez, Divandarreh, Marivan et Kamyaran, des grèves sont largement suivies», selon Hengaw. De même à Javanrud et Ravansar, dans la province du Kermanshah (ouest).

Nouvelles manifestations ailleurs

«L'ennemi et ses médias (...) tentent d'utiliser le 40e jour de la mort de Mahsa Amini comme prétexte pour provoquer à nouveau des tensions, mais heureusement, la situation dans la province est complètement stable», a déclaré le gouverneur du Kurdistan Esmail Zarei Koosha, cité par l'agence officielle Irna. Il a démenti que les routes aient été bloquées.

De nouvelles manifestations étaient en cours ailleurs en Iran, notamment dans des universités à Téhéran, Mashhad, dans le nord-est, et Ahvaz, dans le sud-ouest, selon le média en ligne 1500tasvir, qui recense les violations des droits humains imputées aux forces de sécurité.

La répression des protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini a fait au moins 141 morts, dont des enfants, selon un nouveau bilan révélé mardi par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. 23 enfants ont été tués dans la répression à travers le pays, selon Amnesty International, 29 selon l'IHR.

Mercredi, l'Iran a annoncé des sanctions contre des personnes, des institutions et des médias dans l'Union européenne, en riposte aux mesures punitives imposées par Bruxelles contre des dirigeants iraniens et contre la police des moeurs en raison de la répression