France Les «gilets jaunes» s'essoufflent en France

ATS

4.5.2019 - 21:21

Des «gilets jaunes» ici à Paris, samedi après-midi, de moins en moins nombreux.
Des «gilets jaunes» ici à Paris, samedi après-midi, de moins en moins nombreux.
Source: Keystone/AP/KAMIL ZIHNIOGLU

La «colère» toujours, et «une lassitude» aussi: nombreux dans le cortège syndical du 1er mai, les «gilets jaunes» n'étaient que quelques milliers dans les rues ce samedi pour leur 25e acte. Il s'agit de la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.

Les manifestations de «gilets jaunes» ont rassemblé à travers le pays au total 18'900 personnes, dont 1460 à Paris, selon un décompte du ministère de l'Intérieur. Un décompte contesté par les «gilets jaunes» qui ont comptabilisé 40'291 manifestants en France. Cette contestation sociale avait réuni 23'600 manifestants le week-end dernier et 282'000 personnes pour son lancement le 17 novembre 2018.

Des manifestations moins fournies et généralement très tranquilles. Quelques grenades lacrymogènes ont été tirées pour disperser la foule en fin de parcours à Toulouse et à La Roche-sur-Yon (Vendée), où ils étaient 500 à marcher et où cinq manifestants ont été blessés lors de heurts avec les forces de l'ordre, selon une source policière. Selon la préfecture de Vendée, une «dizaines d'interpellations» ont eu lieu et en fin d'après-midi " huit gardes à vue étaient encore en cours».

A Paris, la préfecture a fait état de dix personnes interpellées, essentiellement dans le cadre de contrôles préventifs, dont huit ont été placées en garde à vue, selon le parquet. Trois personnes ont été interpellées à Montpellier, selon la préfecture.

A Bordeaux, une des places fortes de la mobilisation, José, auxiliaire de vie scolaire de 61 ans, reconnaît que «ça s'essouffle un peu». «Il y a une lassitude. Ça fait 25 semaines que nous avons momentanément arrêté de vivre pour retrouver au minimum une sorte de dignité». Au-delà des rassemblements, le mouvement social entre en politique: sur les 33 listes validées vendredi pour les élections européennes, trois se revendiquent du mouvement des «gilets jaunes».

Soutien d'une partie du monde de la culture

Ces rassemblements ont lieu trois jours après les heurts entre manifestants et forces de l'ordre lors du 1er mai, marqué par l'irruption de plusieurs dizaines d'entre eux dans l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, après un mouvement de panique. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, sous le feu des critiques après avoir parlé d'«attaque», a reconnu vendredi qu'il n'aurait pas dû employer ce mot.

La préfecture de police de Paris a reconduit son arrêté d'interdiction de manifester sur les Champs-Elysées, et dans un périmètre incluant l'Assemblée Nationale, le palais de l'Elysée et le secteur de la cathédrale Notre-Dame, touchée mi-avril par un incendie.

Dans une tribune intitulée «Gilets jaunes: Nous ne sommes pas dupes!«, publiée sur le site de Libération, des comédiennes comme Juliette Binoche ou Emmanuelle Béart, des écrivains comme Edouard Louis ou Annie Ernaux ainsi que 1400 autres acteurs du monde de la culture ont apporté samedi leur soutien au mouvement.

Par ailleurs, la «police des polices» a été chargée d'enquêter sur de possibles violences des forces de l'ordre lors de la manifestation du 1er mai à Paris après la diffusion de plusieurs vidéos. L'une montre un policier mettant sa matraque dans le pantalon d'un homme interpellé.

Marche pour le climat à Metz

Plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles de nombreux «gilets jaunes», ont participé samedi après-midi à une «Marche mondiale pour une justice écologique et sociale» à Metz. C'est dans cette ville que se tiendra dimanche et lundi une réunion des ministres de l'Environnement du G7.

Environ 3000 personnes selon la police, 4500 à 5000 selon les organisateurs, ont participé à cette marche, initiée par un collectif d'une quarantaine d'associations environnementales et citoyennes, baptisé Alter G7, mais dans laquelle les «gilets jaunes» se sont beaucoup fait entendre.

Les slogans «Tout le monde déteste la police», «Anti, anti, anti-capitaliste» et «On est là même si Macron ne veut pas, nous on est là» ont supplanté les «Et 1, et 2, et 3 degrés, c'est un crime contre l'humanité» ou «On est plus chauds, plus chauds que le climat» scandés par les manifestants venus marcher pour le climat, relégués en fin de cortège.

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