Israël-HamasLes hôpitaux de Gaza sont pris au piège des combats
ATS
12.11.2023 - 20:51
Des milliers de gens sont bloqués dimanche dans l'hôpital al-Chifa de Gaza. Les patients de deux autres hôpitaux évacués sont «dans les rues sans soins», affirment des responsables locaux. Les combats continuent entre l'armée israélienne et le Hamas palestinien.
12.11.2023, 20:51
12.11.2023, 21:23
ATS
Au 37e jour de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué l'éventualité d'un accord potentiel pour libérer certains des quelque 240 otages enlevés par le Hamas qui contrôle la bande de Gaza. L'Etat hébreu a promis d'"anéantir» le mouvement palestinien qu'il a classé «organisation terroriste», tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne.
Quelque 1200 personnes, surtout des civils, ont été massacrées dans l'attaque du 7 octobre, inédite dans l'histoire d'Israël. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11'180 personnes, majoritairement des civils, y compris 4609 enfants, selon le mouvement palestinien.
«Les chars (israéliens) assiègent complètement l'hôpital al-Chifa», a dit dimanche à l'AFP le vice-ministre de la Santé du gouvernement Hamas, Youssef Abou Rich. Selon lui, Israël a «entièrement détruit le département des maladies cardiaques de l'hôpital». Il a fait état d'une «nouvelle frappe sur le département de chirurgie et sur celui de chirurgie ambulatoire».
L'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat et l'AFP n'est pas en mesure de confirmer le bombardement mais au moins un témoin présent dans l'hôpital a confirmé des raids et des dégâts.
«Une morgue»
L'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, accueille «650 patients, une quarantaine d'enfants en couveuse, tous menacés de mort et 15'000 déplacés», selon M. Abou Rich. «Il faut sauver les bébés prématurés», plaide dimanche le directeur des hôpitaux de la bande de Gaza, Mohammed Zaqout, alors que deux bébés à al-Chifa sont déjà morts, selon médecins et ONG.
L'armée israélienne avait démenti samedi avoir ciblé l'hôpital et indiqué qu'elle allait aider dimanche à l'évacuation de ces bébés prématurés en danger «vers un hôpital plus sûr». M. Zaqout décrit «une situation catastrophique» à l'hôpital al-Chifa, où «personne ne peut entrer ou sortir».
Ce responsable affirme aussi que des patients «sont dans les rues sans soins» après les «évacuations forcées» de deux hôpitaux pédiatriques, al-Nasr et al-Rantissi, dans la ville de Gaza. Plus tôt, l'armée israélienne avait indiqué avoir «sécurisé» des passages pour évacuer les civils de ces deux établissements ainsi que celui d'al-Chifa.
Un autre hôpital de Gaza-ville, al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison d'un manque de carburant et d'électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Médecins sans frontières (MSF) a de nouveau réclamé dimanche «un cessez-le-feu ou au minimum une évacuation médicale des patients» des hôpitaux de Gaza-ville, qui pourraient devenir «une morgue».
Israël accuse régulièrement le Hamas d'utiliser des civils comme «boucliers humains», notamment dans des écoles et établissements de santé et a prévenu qu'elle «tuerait» les combattants du Hamas «qui tirent à partir des hôpitaux» à Gaza.
Un accord potentiel évoqué
Les combats se concentrent au coeur de la ville de Gaza, où se trouve selon Israël le «centre» de l'infrastructure du Hamas, retranché dans un réseau de tunnels. Des images fournies par l'armée montrent les militaires avancer dans les rues de terre labourées par les chars au milieu d'immeubles en ruines. Depuis le lancement de l'offensive terrestre israélienne à Gaza, le 27 octobre, 42 soldats sont morts selon l'armée.
Dimanche, dans un entretien à la chaîne américaine NBC, le Premier ministre israélien a évoqué la possibilité d'un accord sur une libération d'otages.
«Y a-t-il un accord potentiel?», a demandé à Benjamin Netanyahu la journaliste concernant une éventuelle libération de femmes, d'enfants et de personnes âgées. «Cela se pourrait», a-t-il répondu, «le moins je m'exprime sur le sujet, plus j'augmente les chances que cela se matérialise».
Depuis des semaines, beaucoup de pays, d'organisations internationales comme l'ONU et d'ONG, demandent un «cessez-le-feu» dans la bande de Gaza, des appels rejetés par le Premier ministre israélien qui le conditionne à une libération des otages. Principal allié d'Israël, les Etats-Unis sont également contre un cessez-le-feu.
Bombardement dans le Sud
Pilonné sans relâche, le territoire palestinien où plus de 1,5 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU, est plongé dans une situation humanitaire catastrophique. Un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre prive la population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.
Un nouveau bombardement a fait «un nombre important de morts et de blessés» au siège du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Gaza-ville, dans le nord du territoire, évacué par ses employés et désormais occupé par des centaines de déplacés, a indiqué l'agence onusienne.
Près de 200'000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire via des «corridors» ouverts quotidiennement pendant des «pauses», pour se réfugier dans le sud de la bande de Gaza, selon un communiqué de l'armée israélienne samedi soir. Mais le Sud est également ciblé par les frappes israéliennes.
Dix blessés en Israël
Par ailleurs, 20 blessés et accompagnateurs et plus de 800 détenteurs de passeports étrangers ont pu quitter Gaza via Rafah en direction de l'Egypte, selon les responsables palestiniens de ce poste-frontière, fermé depuis plusieurs jours. Parmi eux, 70 ressortissants russes selon Moscou.
La communauté internationale craint une extension du conflit à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs quotidiens se sont intensifiés dimanche. Dimanche, dix personnes ont été blessées en Israël par un missile antichar tombé dans le nord du pays, ont indiqué les services de secours, alors que l'armée israélienne dit avoir répliqué en visant l'origine du tir, dans le sud du Liban.
Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a affirmé samedi que ses combattants avaient musclé au cours de la semaine écoulée leurs opérations contre Israël en soutien au Hamas. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a prévenu que Beyrouth pourrait subir le même sort que Gaza si le Hezbollah entraînait le Liban dans une guerre.