Espagne Les indépendantistes catalans dans la rue avant des négociations

ATS

11.9.2021 - 21:18

Les indépendantistes catalans ont manifesté samedi à Barcelone à quelques jours de la reprise de négociations avec Madrid. Ils n'ont toutefois pas mobilisé en masse, sur fond de désillusion et de divisions quatre ans après l'échec de la tentative de sécession de 2017.

Samedi, la police municipale a dénombré 108'000 manifestants, un chiffre bien inférieur à celui de 2019 (600'000).
Samedi, la police municipale a dénombré 108'000 manifestants, un chiffre bien inférieur à celui de 2019 (600'000).
ATS

Avec pour slogan «Battons-nous pour gagner l'indépendance», cette manifestation avait été convoquée pour la «Diada», fête de la Catalogne devenue depuis une décennie le théâtre de grandes manifestations indépendantistes. Comme chaque année, elle s'est élancée à 17h14 précises, en commémoration de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714 par les troupes du roi d'Espagne Philippe V.

Si au plus fort de la montée de l'indépendantisme en Catalogne, la «Diada» avait rassemblé 1,8 million de séparatistes en 2014, la mobilisation a chuté ces dernières années. La police municipale a dénombré samedi 108'000 manifestants, un chiffre bien inférieur aux 600'000 de 2019. Les organisateurs ont évoqué eux le chiffre de 400'000.

«Découragement»

En 2020, seules 60'000 personnes avaient participé, mais la pandémie de coronavirus avait empêché d'organiser une manifestation normale.

Pour Narcís Vilar, retraité de 70 ans venu pour la première fois manifester seul, la faible mobilisation de samedi s'explique par la peur de la pandémie, mais surtout par le «découragement» des militants. Ses proches «n'ont pas cessé d'être indépendantistes, mais ils en ont marre des politiciens» catalans, a-t-il dit à l'AFP.

La grâce accordée en juin par le gouvernement central aux neuf dirigeants indépendantistes condamnés à la prison pour leur rôle en 2017 a par ailleurs fait perdre aux séparatistes un élément mobilisateur.

Mouvement divisé

Depuis l'échec de la tentative de sécession de 2017, le mouvement séparatiste, toujours au pouvoir en Catalogne, est marqué par de profondes divergences sur la stratégie à adopter. Les plus modérés prônent le dialogue avec Madrid alors que les plus radicaux prônent toujours la sécession unilatérale comme en 2017.

Cette tentative de sécession a été l'une des pires crises vécues par l'Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. Malgré l'interdiction de la justice, le gouvernement régional de Carles Puigdemont avait organisé un référendum d'autodétermination qui avait été suivi d'une déclaration d'indépendance mort-née.

Madrid avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les leaders séparatistes qui n'avaient pas fui à l'étranger comme M. Puigdemont.

Négociations dans un climat tendu

Cette «Diada» intervient avant la reprise prévue en fin de semaine prochaine de négociations entre le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez et l'exécutif régional séparatiste de Pere Aragonès dont le parti ERC (Gauche Républicaine de Catalogne) est un allié-clé au parlement espagnol du gouvernement minoritaire de M. Sanchez.

Ces pourparlers, qui n'ont pu se tenir qu'une seule fois, juste avant le début de la pandémie, sont destinés à trouver une issue à la crise en Catalogne.

Pedro Sanchez, qui a fait de la reprise du dialogue en Catalogne l'une de ses priorités, a indiqué samedi sur Twitter vouloir «avancer vers ce qui nous unit, travailler pour une Catalogne positive».

Attentes divergentes

Mais les feuilles de route des deux parties sont diamétralement opposées, Madrid ayant déjà écarté les deux revendications clés des indépendantistes, à savoir un accord sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination et l'amnistie totale des indépendantistes poursuivis pour la tentative de sécession de 2017.

Les tensions ont été ravivées cette semaine: le gouvernement central a annoncé suspendre un projet controversé d'agrandissement de l'aéroport de Barcelone, en raison d'une «perte de confiance» dans le gouvernement régional séparatiste. Une décision qualifiée de «chantage» par M. Aragonès.