Malte Les journalistes maltais promettent de ne pas se laisser intimider

ATS

2.11.2017 - 12:00

La Valette

La quasi-totalité des journalistes maltais se sont réunis jeudi devant le parlement à La Vallette. Ils ont promis de ne pas se laisser intimider, trois jours après l'assassinat à la voiture piégée de Daphne Caruana Galizia, la plus virulente d'entre eux.

Des centaines d'employés des médias ont brandi des messages et des pages de journal comme maculés de sang, tandis que les fils de Daphne Caruana Galizia appelaient le Premier ministre travailliste, Joseph Muscat, à démissionner.

"C'est l'un des actes les plus méprisables jamais commis dans ce pays. Personne ne mérite de mourir pour avoir exercé son droit à prendre la parole", a déclaré Herman Grech, rédacteur en chef du site du Times of Malta.

"Nous sommes ici pour donner de l'espoir à la société. Cette attaque contre l'une d'entre nous ne nous empêchera pas de braquer la lumière là où d'autres veulent la pénombre. L'attaque contre l'une d'entre nous ne nous musellera pas", a-t-il ajouté. "Nous ne céderons pas à l'intimidation (...). Nous n'aurons pas peur", a-t-il conclu, sous de vifs applaudissements.

Une "Une" unique

Portant un drapeau maltais maculé de rouge sang, les journalistes ont défilé jusqu'au Palais de justice, où ils ont déposé une requête afin que l'enquête sur l'assassinat de la blogueuse garantisse la protection des sources avec lesquelles elle était en contact.

Souvent qualifiée de "WikiLeaks à elle toute seule", la militante anti-corruption de 53 ans, qui avait révélé de nombreux scandales, a été tuée lundi par l'explosion d'une bombe sous sa voiture.

Dans une démarche rarissime, les journaux maltais - y compris les médias issus de partis politiques - ont décidé de publier tous la même Une dimanche, qui sera aussi diffusée à la télévision et sur les sites d'information. Cette campagne nationale sera placée sour le slogan: "le stylo conquiert la peur".

Vague d'indignation

L'assassinat de Mme Caruana Galizia a provoqué une vague d'indignation à l'étranger et une forte émotion à Malte. Il a mis en lumière les dessous peu glorieux d'un boom économique alimenté par les jeux de hasard en ligne et les sociétés offshore, et accompagné selon certains d'un développement du crime organisé et d'une culture du pot-de-vin.

Pour Mark Wood, rédacteur en chef du Sunday Times of Malta, il sera "très difficile" de remplacer la journaliste disparue. Mais son assassinat "nous a rassemblés, comme un défi. Si quelque chose de bien peut sortir de tout ça, c'est ce sentiment que nous devons continuer son travail".

M. Muscat a annoncé que le gouvernement allait proposer une forte récompense pour retrouver les responsables de l'assassinat de celle qu'il a présentée comme sa "plus grande adversaire". Affaibli par les attaques qu'elle avait lancées contre plusieurs de ses proches, il avait en effet dû convoquer des élections anticipées en juin, qu'il a remportées en raison de son bilan économique.

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