Pologne Les juges polonais s'en prennent à la suprématice du droit de l'UE

ATS

7.10.2021 - 21:08

Les Polonais sont majoritairement enthousiastes à l'égard de l'Union européenne, plus de 80% d'entre eux soutenant l'appartenance à l'UE qui a accordé à leur pays des milliards d'euros de subventions et tout son acquis (archives).
Les Polonais sont majoritairement enthousiastes à l'égard de l'Union européenne, plus de 80% d'entre eux soutenant l'appartenance à l'UE qui a accordé à leur pays des milliards d'euros de subventions et tout son acquis (archives).
ATS

La plus haute juridiction polonaise s'est prononcée jeudi contre la suprématie absolue du droit communautaire européen. Cette décision historique pourrait menacer le financement par l'UE de la Pologne, voire son appartenance à l'Union.

La Cour a déclaré que certains articles du traité de l'UE étaient «incompatibles» avec la Constitution polonaise et a enjoint aux institutions européennes de ne pas «agir au-delà du champ de leurs compétences» en interférant avec le système judiciaire polonais, qui constitue une pomme de discorde majeure avec Bruxelles.

La Commission européenne est «préoccupée» par la décision du tribunal polonais, a réagi le commissaire Didier Reynders, déclarant que l'UE «utilisera tous les outils» à sa disposition pour protéger la primauté du droit européen qui se trouve «au coeur de l'Union».

La Pologne et l'Union européenne sont en désaccord sur les réformes judiciaires introduites par le parti conservateur nationaliste au pouvoir Droit et Justice (PiS), qui, selon Bruxelles, menacent la démocratie et l'état de droit dans ce pays.

«Chantage européen»

Le mois dernier, le commissaire européen chargé de l'Economie, Paolo Gentiloni, a prévenu que l'affaire judiciaire polonaise pourrait avoir des «conséquences» sur le versement des fonds de relance à la Pologne. L'Union européenne n'a pas encore approuvé les 23 milliards d'euros de subventions et les 34 milliards d'euros de prêts bon marché prévus pour ce pays. Le gouvernement polonais a qualifié les propos de M. Gentiloni de «chantage».

Depuis, des responsables européens ont expliqué que l'argent pourrait être déboursé le mois prochain, mais que des conditions strictes seraient posées en échange en matière du respect de l'État de droit.

Le mois dernier, la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne d'infliger des amendes quotidiennes à la Pologne jusqu'à ce qu'elle suspende les réformes judiciaires.

Pommes de discorde

Le différend avec Bruxelles a porté en particulier sur un nouveau système disciplinaire pour les juges qui, selon l'UE, menace gravement l'indépendance du pouvoir judiciaire en Pologne. Mais il existe d'autres pommes de discorde, notamment la nomination des juges et leur transfert sans leur consentement entre différents tribunaux ou divisions d'un même tribunal.

La Pologne a déclaré que les réformes étaient nécessaires pour éradiquer la corruption au sein du système judiciaire et a ignoré une ordonnance provisoire de la Cour de justice de l'Union européenne visant à suspendre l'application de ce système disciplinaire.

«Polexit»

Ce conflit a fait craindre que la Pologne ne finisse par quitter l'Union européenne, ce qui pourrait affecter la stabilité de cette communauté d'Etats.

Mais les Polonais sont majoritairement enthousiastes à l'égard de l'Union européenne, plus de 80% d'entre eux soutenant l'appartenance à l'UE qui a accordé à leur pays des milliards d'euros de subventions et tout son acquis, stimulant ainsi son développement depuis son adhésion en 2004.