Migrations Les migrants de l'Open Arms débarquent

ATS

21.8.2019 - 01:25

Les migrants recueillis en mer Méditerranée par le navire Open Arms ont débarqué mardi soir sur la petite île italienne de Lampedusa. Cette opération faisait suite à la décision d'un procureur italien qui avait ordonné un peu plus tôt leur débarquement.

Après une inspection de la police judiciaire et de deux médecins, le procureur d'Agrigente a décidé que les rescapés devaient être débarqués compte tenu des fortes tensions régnant à bord après des jours de sur-place à quelques encablures de la côte sicilienne, alors même que l'Espagne venait de faire appareiller un navire militaire pour les récupérer.

Le procureur a en outre ordonné la mise sous séquestre de l'Open Arms, de l'organisation humanitaire espagnole du même nom.

L'interminable attente face à Lampedusa, qui avait commencé jeudi, a provoqué des gestes désespérés de la part des migrants entassés à bord du navire. Mardi, quinze d'entre eux, certains sans gilets de sauvetage, se sont jetés par-dessus bord pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Selon une porte-parole de l'ONG, ils ont été «secourus» par les gardes-côtes italiens et amenés sur l'île.

19 jours à bord

«Après 19 jours, nous débarquerons aujourd'hui à Lampedusa. Le navire sera temporairement immobilisé, mais c'est un coût qu'Open Arms assume pour assurer que les personnes à bord puissent être prises en charge», avait tweeté le fondateur de l'ONG, Oscar Camps, en apprenant la décision du procureur.

Les migrants de l'Open Arms s'étaient vu refuser l'accès de l'île par les autorités italiennes, bien que six pays européens, la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, la Roumanie et l'Espagne, se soient engagés à les accueillir.

Certains de ces migrants secourus au large de la Libye par l'ONG ont passé 19 jours à bord, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 à la fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier. L'annonce du débarquement a suscité des explosions de joie sur le bateau, selon des vidéos diffusées par des personnes présentes à bord.

Le bateau comptait 147 migrants à bord à son arrivée jeudi près de Lampedusa et un peu plus de 80 après l'évacuation des migrants ayant sauté à l'eau mardi et de plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ces derniers jours.

Enquête pour séquestration

Face au refus du ministre de l'intérieur italien sortant Matteo Salvini de les laisser débarquer, Madrid avait fini mardi par envoyer un navire militaire vers Lampedusa pour venir y prendre en charge directement les migrants et les amener à Majorque, à environ mille kilomètres de la Sicile.

Le bateau est parti à 18h30 de la base de Rota pour un voyage de trois jours vers Lampedusa. Joint par l'AFP, le gouvernement espagnol n'était pas en mesure de dire s'il rebrousserait chemin après la décision de la justice italienne.

Le procureur italien a pris aussi la décision de mettre préventivement sous séquestre l'Open Arms, dans le cadre d'une enquête contre X pour séquestration de personnes, omission et refus d'actes officiels, dont Matteo Salvini a affirmé, sur Facebook, qu'elle le vise directement.

«Si quelqu'un pense me faire peur avec la énième plainte et demande de procès, il se trompe. Ce serait une blague d'être parvenu à convaincre l'Espagne d'envoyer un navire [pour récupérer les migrants, ndlr] et maintenant d'oeuvrer à les faire débarquer en Italie et faire juger le ministre de l'intérieur qui continue de défendre les frontières du pays», a-t-il dit sur Facebook.

Plus qu'un navire humanitaire

Après le séquestre de l'Open Arms, il ne reste plus qu'un navire humanitaire au large des côtes libyennes, dont s'élancent régulièrement des embarcations de fortune avec des migrants à leur bord. L'Ocean Viking, bateau affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, cherche lui aussi à débarquer dans un port sûr 356 migrants. Il est actuellement au nord-est de Malte.

Faute de consensus européen pour accueillir les migrants secourus par les navires d'ONG, leur sort fait régulièrement l'objet de longues et difficiles négociations entre Etats.

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