ElectionsLes partisans de Trump se gardent de crier à la fraude
ATS
18.11.2022 - 08:00
Les accusations de fraude électorale sans fondement n'ont pas atteint le niveau redouté après les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. De nombreux partisans de Donald Trump mettent en effet le frein sur une rhétorique qui a nui aux républicains, selon des observateurs.
18.11.2022, 08:00
18.11.2022, 08:01
ATS
Plusieurs groupes de réflexion craignaient une période post-électorale troublée, qui aurait même pu déboucher sur des actes de violence, dans un pays encore traumatisé par le violent assaut du Capitole par les partisans de l'ancien président républicain Donald Trump, le 6 janvier 2021 à Washington.
Donald Trump et certains de ses supporters avaient pourtant commencé à s'emparer de quelques incidents isolés dans les bureaux de vote, notamment en Arizona, pour dénoncer à nouveau sans preuve une tricherie en faveur des démocrates, comme après l'élection présidentielle de 2020. Mais la campagne de désinformation a semblé s'essouffler une fois que de nombreux candidats adoubés par le magnat de l'immobilier ont été battus dans les urnes.
Base démoralisée
Selon Zignal Labs, une société qui scrute l'activité sur Internet, il y a eu 600'000 mentions de fraude électorale ou d'idées similaires sur Twitter au cours de la semaine, qui a suivi le vote du 8 novembre, soit plus de six fois moins que pendant la même période après l'élection de 2020.
Donald Trump, qui utilise fréquemment sa plateforme Truth Social pour soutenir que l'élection de 2020 a été «volée», a lui-même semblé s'en abstenir lors du discours, au cours duquel il a annoncé mardi qu'il serait candidat pour la troisième fois à la présidentielle de 2024.
«Une portion du parti républicain pense que l'adoption de ces récits a démoralisé la base, réduit la participation et a fait monter des candidats de qualité inférieure», analyse Michael Caulfield, chercheur au centre pour un public informé de l'université de l'Etat de Washington. «Cette portion du parti a besoin de parler de ces pertes, pour présenter des arguments en faveur d'une nouvelle direction du parti», ajoute-t-il à l'AFP.
Pas de «vague rouge»
De fait, la «vague rouge», couleur du parti républicain, prédite par les conservateurs et des observateurs de la vie politique, ne s'est pas matérialisée durant ces élections de mi-mandat. Les démocrates conservent le Sénat et ne perdent qu'avec un faible écart la chambre des représentants.
Autre revers, plusieurs candidats soutenus par Donald Trump ont échoué dans des courses pour des sièges locaux de secrétaire d'Etat, des postes cruciaux, car ils supervisent les élections, notamment dans des Etats où l'ancien président a tenté de renverser le résultat de 2020.
«Les gens ont clairement indiqué par leur vote qu'ils ne voulaient pas que des candidats qui nient le résultat des élections supervisent les scrutins et encore plus dans les Etats disputés où c'était une possibilité», explique à l'AFP Pamela Smith, présidente de Verified Voting, une organisation non partisane.
Le résultat mitigé des républicains a provoqué un examen de conscience jusqu'à la frange dure du parti en Arizona, où une protégée de Donald Trump, Kari Lake, a perdu la course au poste de gouverneur de l'Etat.
«Moteur»
«Nous nous demandons maintenant si nous n'étions pas dans une chambre d'écho», où les idées seraient renforcées à force d'être répétées, a ainsi déclaré la sénatrice républicaine de l'Etat, Wendy Rogers, sur une radiodiffusion conservatrice, semblant faire allusion au message de son parti.
Spécialiste de la désinformation et professeure associée à l'université de l'Etat de Washington, Kate Starbird juge «réconfortant» de voir certains influenceurs de droite s'éloigner des allégations infondées de fraude électorale. «Ils sentent peut-être que ce n'est pas une stratégie politique gagnante», dit-elle.
Mais, selon des analystes, l'impact des discours réfutant le résultat des élections n'a malgré tout pas faibli et pourrait prendre un nouvel élan avant l'élection présidentielle de 2024. Ils estiment notamment que pendant les élections de mi-mandat, Donald Trump a été privé d'une audience cumulée sur les réseaux sociaux de 100 millions de personnes, où figurent notamment des membres influents de son camp, parce qu'il reste banni de Twitter et Facebook.
L'audience dont il dispose sur son propre réseau Truth Social est nettement plus faible (4,5 millions). «Le moteur [de complotisme, ndlr] sous-jacent continue de tourner et, si les influenceurs décident de s'y engager, nous sommes instantanément de retour au point de départ», indique Michael Caulfield.
«A l'heure actuelle, beaucoup ont décidé que le jeu n'en vaut pas la chandelle à long terme. Nous verrons si cela tient bon, au moment où Trump s'engage pour 2024», ajoute-t-il.