«Moment historique» Les pays membres offrent à l'OMS une indépendance financière

ATS

24.5.2022 - 23:03

Les Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont accepté mardi de changer la façon dont ils la financent. Ils veulent lui donner les moyens d'être plus réactive et de mieux choisir ses priorités.

«C'est un moment historique», s'est réjoui le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout juste réélu pour un second mandat de cinq ans.
«C'est un moment historique», s'est réjoui le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout juste réélu pour un second mandat de cinq ans.
Keystone

24.5.2022 - 23:03

«C'est un moment historique», s'est réjoui le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tout juste réélu pour un second mandat de cinq ans.

Jusqu'à présent, la très grande partie des fonds donnés par les Etats à l'OMS étaient des contributions volontaires, difficiles à planifier et pour lesquelles il faut dépenser beaucoup d'énergie pour les obtenir.

Le nouveau système va progressivement amener – sur une période d'une dizaine d'années – la part fixe du budget de l'OMS à 50%, contre seulement 16% pour le budget biennal 2020-2021.

«Transformer»

«La décision que vous avez prise ne va pas seulement changer la façon dont cette organisation est financée, mais elle va aussi transformer la façon dont elle travaille», a dit le Dr Tedros, après l'adoption de la réforme par un comité de pays membres et avant que l'Assemblée mondiale de la santé, réunie à Genève (Suisse) cette semaine, ne l'adopte également.

Le directeur général de l'OMS a fait de la réforme des finances de l'organisation une priorité.

«Cela va nous donner une plateforme de financement durable pour proposer des programmes à long terme, recruter des experts dont nous avons besoin et nous permettre d'apporter à tous les pays membres le soutien dont ils ont besoin», a-t-il assuré.

L'OMS est financée par ses 194 Etats membres et par des organisations non gouvernementales.

Elle disposait jusqu'à présent d'une marge de manoeuvre très limitée à l'heure de répondre à certaines crises, en particulier lorsqu'il s'agissait de conflits oubliés ou de maladies négligées.

D'autant que le budget de l'organisation n'est que de 5,8 milliards de dollars pour la période 2020-21, et de 6,12 milliards pour le cycle budgétaire 2022-23.

Des moyens comparativement faibles: l'Assistance publique/Hôpitaux de Paris dispose par exemple d'un peu moins de 8 milliards d'euros par an.

Nuire à l'indépendance

Le directeur général avait rappelé récemment que si la somme globale reçue par l'OMS au cours des deux dernières années est la plus élevée de son histoire, le fait que la plupart de ces fonds soient déjà affectés à des projets par les donateurs «peut nuire à l'indépendance de l'organisation».

Ce nouveau financement ne se fait pas sans contreparties: l'OMS s'est engagée à être plus transparente sur son financement et sur le recrutement de son personnel.

«Nous reconnaissons que vos attentes sont fortes et c'est bien ainsi. Vous êtes en droit d'attendre une plus grande responsabilité, plus de transparence et plus d'efficacité», a dit le Dr Tedros.

Selon les derniers chiffres, les contributions obligatoires ne représentent que 957 millions de dollars, tandis que les contributions volontaires représentent 3,7 milliards de dollars.

Les cotisations les plus élevées sont celles des Etats-Unis (219 millions de dollars), de la Chine (115 millions), du Japon (82 millions), de l'Allemagne (58 millions) et de la Grande-Bretagne (44 millions).

Grand écart

Selon le président du groupe de travail de l'OMS sur le financement durable, Bjorn Kummel, il y un «écart énorme» entre ce que les Etats membres attendent de l'OMS et la manière dont ils la financent.

Il a expliqué que les contributions obligatoires augmenteront de 20% dans le prochain budget, pour atteindre environ 1,2 milliard de dollars.

Le ministre néo-zélandais de la Santé, Andrew Little, a demandé que la réforme du budget soit mise en oeuvre immédiatement afin de maintenir «l'élan» déclenché par la pandémie.

Le Dr Tedros a pour sa part martelé une nouvelle fois que «mettre de l'argent dans la santé n'est pas de la charité, mais un investissement».

«Chaque dollar investi dans l'OMS offre un retour sur investissement de 35 dollars», a-t-il affirmé.

ATS