Débats présidentielsLes phrases assassines qui peuvent tout changer
Blue News
20.4.2022
Ce mercredi soir sur le coup de 21h, Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’affronteront lors du débat télévisé du second tour de l’élection présidentielle française. Un moment toujours particulier qui a fait l’histoire de la Ve République.
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20.04.2022, 16:04
20.04.2022, 16:22
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1974 : «Vous n’avez pas le monopole du coeur, M. Mitterrand»
Le premier débat télévisé entre deux prétendants à l’Elysée se déroule en 1974. Il met aux prises le candidat de l’Union de la gauche, François Mitterrand, avec le ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement sortant Valéry Giscard d’Estaing. Après un long plaidoyer contre la politique gaulliste, incarnée par Giscard, Mitterrand est chahuté par son adversaire qui lui rétorque : «Vous n’avez pas le monopole du cœur, M. Mitterrand». Ces mots savamment trouvés resteront dans les mémoires. Ils ont d’ailleurs peut-être permis à Giscard de battre in extremis son rival socialiste dans une élection présidentielle qui reste encore aujourd’hui comme la plus serrée de l’histoire de la Ve République (50,81 % des voix pour Giscard d’Estaing).
1981 : «Vous êtes l’hommes du passif»
Sept ans plus tard, François Mitterrand défie à nouveau Valéry Giscard d’Estaing. Fatigué par un septennat difficile, le président sortant peine à convaincre tandis que le candidat socialiste se montre très tranchant. En présentant Giscard comme «l’homme du passif», il l’assomme et prend sa revanche. Le 10 mai, il donne la victoire à la gauche en obtenant 51,76% des suffrages. Cette victoire de François Mitterrand met fin à 23 années de pouvoir de la droite.
1988 : «Vous avez tout à fait raison, M. le premier ministre»
En 1988, François Mitterrand se présente pour un second mandat et affronte son premier ministre de droite Jacques Chirac. Après deux ans d’une cohabitation souvent tumultueuse, ce dernier entend renverser le président sortant. Pour cela, il cherche à se mettre à la hauteur du socialiste. «Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et vous n’êtes pas le président de la République. Nous sommes deux candidats à égalité. Vous me permettrez donc de vous appeler M. Mitterrand ?», lance-t-il à son rival. La réponse de François Mitterrand fuse et met Jacques Chirac dans ses petits souliers : «Mais vous avez tout à fait raison, M. le premier ministre». K.O debout, Jacques Chirac est battu par le président sortant qui remporte cette élection avec 54,02% des voix.
1995 et 2002 : les exceptions
Après deux septennats, François Mitterrand quitte le palais de l’Elysée en 1995. Le débat télévisé du second tour de cette élection présidentielle voit s’affronter le candidat du RPR Jacques Chirac et le candidat socialiste Lionel Jospin. Ce face-à-face, bien plus courtois que les précédents duels, n’a pas débouché sur un véritable gagnant. Finalement, Jacques Chirac accède au pouvoir en engrangeant 52,64% des suffrages.
L’élection présidentielle de 2002 est marquée par la présence du candidat de l’extrême-droite Jean-Marie Le Pen au second tour. Une première dans l’histoire de la Ve République. Egalement qualifié pour le second tour, Jacques Chirac refuse de débattre avec le chef du Front national. «Face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible», explique l’ancien maire de Paris afin de justifier sa décision. Profitant du front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite, Jacques Chirac est facilement réélu (82,21% des voix) pour un nouveau mandat.
2007 : «Il faut être calme»
Cinq ans plus tard, ce sont Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy qui s’opposent sur les chaines télévisées françaises. A cette occasion, la candidate socialiste devient la première femme à se retrouver aux portes de l’Elysée. Sur les nerfs, elle se montre peut-être trop agressive en estimant que son rival avait atteint «le summum de l’immoralité politique». Cette violente tirade n’a pas ébranlé le candidat de la droite qui lui a simplement répondu que pour devenir président de la République «il faut être calme». Finalement, au soir du 16 mai, Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac en obtenant 53,06% des suffrages.
2012 : «Moi, président de la République...»
En 2012, Nicolas Sarkozy se lance dans une nouvelle campagne présidentielle mais le candidat de la droite est éclipsé par François Hollande à la fin du débat de l’entre-deux-tours. En effet, quand la journaliste Laurence Ferrari lui demande ce qu’il ferait en tant que président de la République, le candidat socialiste se lance dans une anaphore restée célèbre et qui débute par «moi, président de la République...». Muet devant la litanie de l’ancien maire de Tulle, Nicolas Sarkozy savait peut-être déjà qu’il avait perdu son combat pour un deuxième quinquennat à ce moment-là. Et c’est bien ce qu’il se passe au soir du 5 mai 2012 puisque François Hollande est élu avec 51,64% des voix. Ce succès a permis à la gauche de revenir au pouvoir 17 ans après le départ de François Mitterrand.
2017 : «C’est de la poudre de perlimpinpin»
En 2017, l’extrême-droite fait son retour au second tour de l’élection présidentielle. Contrairement à Jacques Chirac en 2002, Emmanuel Macron accepte de débattre avec Marine Le Pen. Dans une joute verbale très tendue, les deux candidats se rendent coups pour coups. Le moment clef de ce débat se produit quand la candidate du Front national propose d’utiliser des douaniers pour arrêter les terroristes aux frontières. «Ce que vous proposez, c’est de la poudre de perlimpinpin», lui répond alors Emmanuel Macron dans une réplique qui a fait rapidement le tour des réseaux sociaux. Le candidat de En Marche est finalement plébiscité avec 66,10% des suffrages.