Coronavirus Les plus pauvres souffrent de la faim en raison de la pandémie

mt, ats

10.2.2021 - 05:30

Les possibilités de suivre les mesures de protection sont limitées par le manque d'eau, de toilettes, de savon, de désinfectant et de masques.
Les possibilités de suivre les mesures de protection sont limitées par le manque d'eau, de toilettes, de savon, de désinfectant et de masques.
ATS

Les habitants des pays en développement ont moins à manger en raison de la pandémie et de nombreux enfants ne peuvent plus aller à l'école. Les revenus sont en baisse et le niveau d'endettement croît, selon une étude du réseau d'ONG Alliance 2015.

Près d'une femme sur deux et plus d'un tiers des hommes disposent de moins de nourriture et d'une qualité inférieure pour eux-mêmes et leur famille, écrit Alliance 2015 dans l'étude publiée mercredi. Son réseau est composé de huit organisations non gouvernementales (ONG) européennes, dont l'oeuvre d'entraide suisse Helvetas.

Environ trois quarts des personnes interrogées ont déclaré avoir moins d'argent à cause de la pandémie. Beaucoup ne peuvent pas gagner leur vie en tant que travailleurs occasionnels dans le secteur informel. Elles reçoivent en outre moins d'argent de proches vivant dans leur pays ou à l'étranger, selon plus de trois quarts d'entre elles.

Beaucoup s'endettent

Beaucoup s'endettent. Plus de deux tiers des sondés ont dû emprunter de l'argent ou ne pouvaient acheter des choses qu'à crédit en raison de la pandémie. Certains ont vendu leur bétail ou des parcelles de terre déjà petites par manque d'argent. La grande majorité sont plus inquiets pour l'avenir qu'ils ne l'étaient avant la pandémie.

Alliance 2015 a demandé, entre octobre et décembre 2020, à 16'000 femmes et hommes de 25 pays sur quatre continents comment la pandémie affectait leur vie quotidienne. Des habitants des villes, des bidonvilles, des zones rurales et des camps de réfugiés ont été interrogés.

Pas d'argent pour les semences

Près des trois quarts (72%) des agriculteurs questionnés gagnaient moins d'argent. Non seulement ils avaient du mal à vendre leurs produits, mais beaucoup n'avaient pas les moyens de se procurer des semences.

«Si les cultures ne sont pas plantées au bon moment, il n'y a pas de récolte plus tard», a déclaré Rupa Mukerji, co-auteure de l'étude et membre du comité exécutif d'Helvetas, à l'agence de presse Keystone-ATS.

Cela entraîne une perte supplémentaire de revenus et des pénuries alimentaires, a-t-elle ajouté. Helvetas a distribué des semences à des familles d'agriculteurs dans plusieurs pays à titre d'aide d'urgence et les aide également à obtenir des microcrédits.

Les enfants doivent travailler

La situation est aussi précaire pour les enfants. Deux écoliers sur trois ne peuvent pas aller à l'école, parce que les établissements sont restés fermés pendant des mois et qu'il n'y a pas d'autres possibilités d'apprentissage.

«Il est effrayant de constater que plus d'un quart des personnes interrogées craignent de ne plus pouvoir envoyer leurs enfants à l'école une fois qu'elle aura rouvert», a déclaré Mme Mukerji. Les enfants ont en effet non seulement manqué beaucoup de cours, mais doivent également aider à garder les plus petits, au travail des champs ou à d'autres travaux en raison des besoins accrus du ménage.

Manque d'eau et de savon

La grande majorité des femmes et des hommes interrogés connaissaient les mesures de protection contre l'infection, telles que le lavage fréquent des mains (87%) et le port d'un masque (81%).

Cependant, les possibilités de suivre ces mesures sont limitées par le manque d'eau, de toilettes, de savon, de désinfectant et de masques. Les conditions de travail et de vie dans de petits espaces empêchent également les pauvres de garder leurs distances.

Alliance 2015 aide notamment les gens à produire localement du savon, des désinfectants et des masques, ce qui permet aussi de créer des opportunités de revenus locaux. Helvetas, par exemple, forme des diplômés de l'école professionnelle à la production de masques en tissu réutilisables de bonne qualité utilisant le savoir-faire des Ecoles polytechniques fédérales.

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