Législatives anticipées Les Portugais votent pour un Parlement qui peut virer à droite

ATS

10.3.2024 - 11:32

Les Portugais ont commencé à voter dimanche pour des législatives anticipées où l'opposition de centre droit fait figure de favorite, après huit ans de gouvernement socialiste. Le centre droit risque de devoir composer avec des populistes en pleine progression.

Troisième force politique depuis les législatives de 2022, le parti antisystème Chega (Assez) dirigé par André Ventura pourrait plus que doubler son score des dernières élections et obtenir 15 à 20% des voix (Archives).
Troisième force politique depuis les législatives de 2022, le parti antisystème Chega (Assez) dirigé par André Ventura pourrait plus que doubler son score des dernières élections et obtenir 15 à 20% des voix (Archives).
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Keystone-SDA

A trois mois des européennes, ces élections au Portugal pourraient ainsi confirmer que l'extrême droite a le vent en poupe à travers le Vieux Continent, comme l'ont montré les électeurs italiens ou néerlandais.

Le pays ibérique était un des rares en Europe à être dirigé par la gauche lorsque le Premier ministre sortant Antonio Costa, 62 ans, a démissionné début novembre en renonçant à briguer un nouveau mandat après avoir été cité dans une enquête pour trafic d'influence.

«Ces élections sont complètement différentes des autres car, pour la première fois, notre démocratie est menacée», s'est inquiété Sofia Manuel, une programmatrice de 34 ans, après avoir déposé son bulletin dans l'urne dans le centre de la capitale.

«J'espère que les droits que nous avons déjà conquis seront maintenus», a-t-elle confié alors que le Portugal commémorera le mois prochain le 50e anniversaire de la Révolution des OEillets, qui a mis fin à une dictature fasciste presque aussi longue.

Montée en force de Chega attendue

Plusieurs sondages réalisés à la sortie des urnes seront diffusés par les médias à 20h00 et les résultats officiels du scrutin, auquel sont appelés à participer 10,8 millions d'électeurs, seront annoncés plus tard dans la soirée.

A l'approche du vote, l'Alliance démocratique (AD) de centre droit emmenée par Luis Montenegro, 51 ans, était en tête des sondages avec un peu plus de 30% des intentions de vote et une mince avance sur le Parti socialiste (PS), qui s'est regroupé autour de Pedro Nuno Santos, 46 ans.

Troisième force politique depuis les législatives de 2022, que le PS avait remportées avec une majorité absolue, le parti antisystème Chega (Assez) dirigé par André Ventura, 41 ans, pourrait plus que doubler son score des dernières élections et obtenir 15 à 20% des voix.

Selon les enquêtes pré-électorales, qui dénombraient encore beaucoup d'indécis, l'ensemble de la droite (composée par l'AD, Chega et l'Initiative libérale) devrait être majoritaire dans le prochain Parlement.

Risque d'impasse

Mais Luis Montenegro, longtemps député puis chef de groupe parlementaire, a d'ores et déjà exclu de former un gouvernement avec le soutien de l'extrême droite, au risque de provoquer une impasse s'il n'atteint pas la majorité des 230 sièges même en s'alliant avec les libéraux.

«Ne vous inquiétez pas. D'abord, la stabilité nous sera donnée par le peuple portugais. Ensuite, c'est nous, avec notre performance, qui allons la garantir», a-t-il voulu rassurer vendredi, lors de son dernier meeting.

Pedro Nuno Santos, un ancien ministre issu de l'aile gauche du PS, a de son côté rappelé tout au long de la campagne que la droite, lors de son dernier passage au pouvoir, entre 2011 et 2015, avait appliqué une impopulaire cure d'austérité budgétaire.

Troisième homme de cette course électorale, le populiste André Ventura a affirmé pour sa part que les deux grands partis du centre, qui se partagent le pouvoir depuis l'avènement de la démocratie, «ne sont que les deux faces d'une même pièce». «Pour le changement, c'est Chega qu'il faut», a clamé ce professeur de droit et ancien commentateur de football, connu pour ses attaques xénophobes contre la minorité tsigane.

Malgré l'assainissement des finances publiques, une croissance supérieure à la moyenne européenne et un chômage au plus bas, le bilan du gouvernement socialiste est terni par l'inflation, les dysfonctionnements des services de santé et des écoles, ainsi que par une importante crise du logement.