Point de situationLes Russes avancent dans l'Est, Kiev attend un feu vert de l'UE
ATS
22.6.2022 - 23:54
Les forces russes ont accentué mercredi leur progression vers Lyssytchansk, ville industrielle stratégique de l'est de l'Ukraine, à la veille du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne. Kiev espère obtenir le statut officiel de candidat à l'UE.
Keystone-SDA
22.06.2022, 23:54
ATS
Selon un représentant des séparatistes prorusses combattants au côté des troupes de Moscou, les forces ukrainiennes sont désormais cernées dans deux villages supplémentaires situés à quelques kilomètres de Lyssytchansk et de sa ville jumelle Severodonetsk. Les groupes ukrainiens dans ces deux villes seront «très bientôt» encerclés, a ajouté le lieutenant-colonel Andreï Marotchko, revendiquant pour son camp des «succès (...) colossaux» en 48 heures.
Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines, avait reconnu plus tôt que «les Russes s'approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions». Selon lui, «l'armée russe pilonne (aussi) Lyssytchansk avec son artillerie et ses tanks» et, si les Ukrainiens contrôlent encore la ville, le déluge de feu russe y «détruit tout».
«L'enfer»
La poche de résistance autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk. Les deux villes sont une étape clé pour les Russes dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin essentiellement russophone et en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Sur place, «c'est l'enfer», estime M. Gaïdaï, mais «nos hommes tiennent leurs positions». «Les Russes détruisent complètement les maisons, jusqu'aux fondations, avec leur artillerie», a déclaré mercredi le chef de l'administration de la ville, Oleksandr Stryuk, estimant qu'il reste «7000 à 8000 habitants» dans cette cité industrielle qui en comptait environ 100'000 avant la guerre.
Côté russe, les autorités ont indiqué que deux drones avaient attaqué et provoqué un incendie mercredi dans la raffinerie de pétrole Novochakhtinski, située en territoire russe, à quelques kilomètres de la frontière avec la région de Lougansk.
Selon les autorités locales, l'incendie n'a fait aucune victime et a été éteint en fin de matinée. Sans accuser nommément les forces ukrainiennes, Moscou a dénoncé des «actes terroristes venant de la frontière occidentale» de cette région russe.
Suite de sommets
Sur le plan diplomatique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en plus de réclamer davantage de livraisons d'armes lourdes à ses alliés occidentaux, s'active pour s'assurer que les 27 pays de l'Union européenne accorderont à l'Ukraine le statut officiel de candidat à l'UE jeudi lors d'un sommet prévu à Luxembourg.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les dirigeants européens à «se montrer à la hauteur» en accédant à la demande de Kiev. L'exécutif européen a rendu il y a quelques jours un avis favorable sur cette candidature et mardi le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune, dont le pays assure la présidence de l'UE, a indiqué qu'un «consensus total» entre les Vingt-Sept avait émergé sur cette question.
A Berlin, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi à mettre sur pied «un plan Marshall» pour la reconstruction de l'Ukraine. «Nous aurons besoin de plusieurs milliards d'euros et de dollars supplémentaires et ce pendant des années», a-t-il souligné.
«Dicter la paix»
Le sommet européen de Luxembourg doit être suivi d'un autre du G7 et d'un troisième de l'Otan. La question de l'aide financière à Kiev devrait être au coeur des discussions de ces trois rencontres. Selon Madrid, M. Zelensky participera en visioconférence au sommet de l'Otan devant se tenir du 28 au 30 juin dans la capitale espagnole.
«La vérité, c'est que nous sommes encore loin de négociations entre l'Ukraine et la Russie parce que Poutine croit encore en la possibilité de pouvoir dicter la paix», a également estimé M. Scholz.
«Hystérie russophobe»
Alors que Moscou commémore l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie en 1941, la diplomatie russe a accusé Berlin d'alimenter une «hystérie russophobe» et ce «de façon systématique par des attaques quasi-quotidiennes de membres du gouvernement allemand contre notre pays».
Et Moscou a reçu un nouveau soutien voilé du président chinois Xi Jinping, qui, dans une référence implicite à l'Otan a fustigé mercredi «l'élargissement des alliances militaires», responsable selon lui entre autres de la crise en Ukraine.
Départ d'un navire turc
Selon Ankara, un navire marchand turc a quitté mercredi le port ukrainien de Marioupol (sud-est) après des discussions entre délégations turque et russe à Moscou au sujet des céréales bloquées en Ukraine à cause de l'invasion russe.
La Turquie a également annoncé la tenue prochaine d'une rencontre quadripartite avec des représentants de l'ONU, de la Russie et de l'Ukraine pour faire avancer le dossier des céréales bloquées dans les ports ukrainiens. Mais Kiev a nié qu'un accord ait été conclu en vue d'une telle rencontre et Moscou, qui impose un blocus maritime en mer Noire, n'a fait état d'aucune avancée majeure sur ce dossier.
Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé mercredi le «niveau choquant» de souffrance que la violence aveugle de la guerre en Ukraine cause aux civils, victimes d'"attaques indiscriminées constantes». Ce manque de respect pour leur protection «constitue une violation grave du droit humanitaire international», a-t-elle dénoncé.