Tensions au Kosovo Les Serbes se rassemblent de nouveau après des heurts

ATS

30.5.2023 - 11:14

La situation restait tendue mardi dans le Nord du Kosovo. Des manifestants serbes continuaient d'affluer devant la municipalité de Zvecan, théâtre la veille de violents heurts ayant fait une trentaine de blessés parmi des soldats internationaux.

Des soldats de la Force internationale de maintien de la paix au Kosovo (KFOR) dirigée par l'OTAN ont installé des positions devant le bâtiment de la municipalité de Zvecan, au Kosovo, le 30 mai 2023.
Des soldats de la Force internationale de maintien de la paix au Kosovo (KFOR) dirigée par l'OTAN ont installé des positions devant le bâtiment de la municipalité de Zvecan, au Kosovo, le 30 mai 2023.
KEYSTONE

Des soldats en tenue anti-émeutes de la Kfor, la force multinationale emmenée par l'Otan, ont placé une barrière métallique autour de la mairie pour empêcher plusieurs centaines de Serbes d'y accéder, a rapporté une journaliste de l'AFP.

Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l'ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du Nord du Kosovo, étaient garés devant la mairie.

Les Serbes, qui ont eu une cinquantaine de blessés dans leurs rangs lundi, ont boycotté les municipales d'avril dans ces localités, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%.

Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d'Albanais, faisant fi des appels à l'apaisement lancés par l'Union européenne et les Etats-Unis.

La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province et des tensions éclatent régulièrement entre Belgrade et Pristina.

Quelque 120'000 Serbes vivent au Kosovo (qui compte 1,8 million d'habitants) dont un tiers environ dans le Nord.

Les manifestants réclament le départ des maires albanais qu'ils qualifient «d'illégitimes» et celui de la police kosovare.

La situation avait déjà dégénéré vendredi lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions accompagnés par les forces de l'ordre.

«Totalement inacceptables» 

Lundi à Zvecan, les manifestants serbes avaient été dans un premier temps repoussés par les les forces kosovares qui ont fait usage de gaz lacrymogène.

La Kfor avait ensuite tenté de séparer les deux parties avant de commencer à disperser la foule.

Des protestataires avaient répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats.

Dix-neuf soldats hongrois et 11 italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé mardi la Kfor dans un communiqué, précisant qu'ils souffraient notamment de «fractures et des brûlures causées par des engins explosifs incendiaires improvisés».

«Trois soldats hongrois ont été blessés par des armes à feu», selon la même source. Ces attaques ont été qualifiées de «totalement inacceptables» par l'Otan à Bruxelles.

Au moins 52 personnes ont été blessées dans les rangs des manifestants serbes, dont trois grièvement, a dit le président serbe Aleksandar Vucic. Cinq manifestants serbes ont ont été arrêtés, selon la police kosovare.

Belgrade a donné l'ordre à l'armée serbe de se placer en état d'alerte maximale, comme cela a été régulièrement le cas ces dernières années.

La Kfor a expliqué avoir renforcé sa présence dans le Nord pour «réduire le risque d'escalade» après que les maires nouvellement élus ont tenté de prendre leurs fonctions.