Donné battuPrésidentielle: les sondages «mentent», accuse Bolsonaro
ATS
7.9.2022 - 21:03
Le président brésilien Jair Bolsonaro a accusé mercredi les sondages d'être «mensongers». Donné battu par Lula à la présidentielle d'octobre, il a prononcé un discours enflammé devant des dizaines de milliers de partisans réunis pour le bicentenaire de l'indépendance.
Keystone-SDA
07.09.2022, 21:03
07.09.2022, 22:11
ATS
«Ici ce n'est pas la mensongère Datafolha, ici règne la vérité», a-t-il lancé. L'institut de référence lui accorde seulement 32% des intentions de vote, loin derrière l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (45%), au premier tour le 2 octobre.
Le Parti des travailleurs (PT) de Lula, qui a gouverné le Brésil durant 14 ans, «veut retourner sur la scène du crime», a affimé le président. «Ils ne reviendront pas!», a-t-il ajouté, tandis que la foule scandait: «Lula, voleur!»
Démonstration de force
M. Bolsonaro entendait faire de la commémoration du bicentenaire une démonstration de force, à moins de quatre semaines du scrutin le plus polarisé de l'Histoire récente du Brésil.
«Jamais je n'ai vu une mer aussi grande avec ses couleurs vert et jaune», celles du drapeau national, a-t-il lancé devant la foule qui emplissait la gigantesque Esplanade des ministères de la capitale. En revanche ni les présidents de la Cour suprême, du Sénat ou de la Chambre des députés n'étaient présents, contrairement à la tradition.
Cette journée se déroulait sous tension. L'opposition a accusé Jair Bolsonaro de vouloir «usurper» la fête nationale à des fins électorales. L'an dernier, le 7 septembre avait été marqué par des mots d'ordre putschistes dans les cortèges pro-Bolsonaro. Le chef de l'Etat avait attaqué les institutions et juré que «seul Dieu» pourrait le chasser du pouvoir.
«Ce 7 septembre aura forcément une grosse connotation politique, car nous sommes dans la dernière ligne droite de la campagne», dit à l'AFP Paulo Baia, professeur de sciences politiques à l'Université fédérale de Rio de Janeiro. «Ce sera une journée mouvementée, qui pourrait être entachée d'épisodes de violence», avertit-il.
Parade de jet-skis
Le défilé militaire, annulé en 2020 et en 2021 en raison du Covid-19, a été entouré d'un dispositif de sécurité exceptionnel. Jair Bolsonaro devait poursuivre les célébrations du bicentenaire à Rio de Janeiro, le long de la plage de Copacabana où a eu lieu une parade de dizaines de jet-skis et où des milliers de fervents sympathisants étaient déjà rassemblés en fin de matinée.
Parmi eux, Suely Ferreira, 64 ans, arborait une bannière appelant M. Bolsonaro «à mettre en action les forces armées pour destituer les juges de la Cour suprême». «Une dictature en toge (qui) ruine le pays», selon elle.
«Il va gagner, ce n'est pas possible autrement», dit-elle à l'AFP. «Cette manifestation est très importante pour montrer au monde que notre président est aimé».
Vaisseaux de guerre
Traditionnellement, le défilé militaire de Rio se tient 15 km de là. Mais le chef de l'Etat a insisté pour que cette année, les soldats défilent à l'endroit où se déroulent habituellement les manifestations bolsonaristes.
Cette décision a pris de court la mairie: l'avenue Atlantica, qui suit le littoral à Copacabana, est bien moins large que celle du centre. Un compromis a finalement été trouvé: il n'y aura pas de blindés près de la plage, mais des vaisseaux de guerre sur l'océan et des avions militaires dans le ciel, ainsi que des démonstrations de parachutistes.
«Fidéliser ses électeurs»
Jair Bolsonaro devrait d'abord saluer une foule de motards qui promettent un cortège pétaradant vers Copacabana, avant de haranguer les manifestants sur une vaste estrade louée par des pasteurs de puissantes églises évangéliques.
Une intense campagne a été menée sur les réseaux sociaux pour rallier un maximum de manifestants et des youtubeurs bolsonaristes ont lancé des appels aux dons en ligne. L'un des fils du chef de l'Etat, le député pro-arme Eduardo Bolsonaro, a pour sa part invité les Brésiliens qui «ont acheté une arme légalement» à s'engager comme bénévoles dans la campagne de son père.