Les talibans ont appelé mardi leurs combattants à s'opposer à la présidentielle fin septembre en Afghanistan. Ils ont menacé le processus électoral de violences, tandis qu'un attentat a fait cinq morts à Kaboul.
Dans un communiqué diffusé par leur porte-parole Zabihullah Mujahid, les insurgés «demandent» à leurs combattants de s'opposer à «l'imposture de ce processus théâtral dans toute la mesure de leurs capacités».
«Pour éviter que nos compatriotes ne subissent des pertes, Dieu nous en préserve, ils doivent éviter les rassemblements qui pourraient devenir des cibles potentielles», ont-ils menacé. Ils ont même demandé même aux électeurs de «boycotter» le scrutin.
Un droit du peuple
Les forces de sécurité sont «totalement prêtes» à protéger les Afghans contre les menaces des talibans et ne permettront à personne de perturber le processus électoral, a réagi la présidence afghane dans un communiqué.
«La participation aux élections et le choix d'un dirigeant par le suffrage direct sont les droits religieux et légaux du peuple afghan. Le gouvernement a effectué tous les préparatifs nécessaires à la tenue d'élections libres, justes et transparentes», a-t-elle ajouté.
Mardi en fin de journée dans la capitale, au moins cinq personnes ont été tuées et sept blessées dans un attentat visant un véhicule des services gouvernementaux de lutte contre les stupéfiants, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Négociations en cours
L'annonce des talibans survient alors que les Etats-Unis et des représentants des insurgés mènent un huitième round de négociations à Doha. L'émissaire américain Zalmay Khalilzad s'est félicité lundi soir des «excellents progrès» entre les deux parties.
Le porte-parole politique des talibans, Suhail Shaheen, a lui aussi estimé mardi que «d'excellents progrès» avaient été réalisés. «Nous sommes en train de discuter des derniers points restants et l'accord de paix sera conclu. Nous déciderons ensuite de la date de l'annonce de l'accord», a-t-il poursuivi lors d'un entretien avec l'AFP.
La campagne pour l'élection présidentielle a été officiellement ouverte le 28 juillet. Ce même jour, 20 personnes avaient été tuées et 50 blessées lors d'une attaque contre les bureaux d'Amrullah Saleh, un colistier du président Ashraf Ghani. Ancien chef des services de renseignement afghans, connu pour ses positions hostiles aux talibans, il avait survécu à l'assaut.
Dix-sept candidats restent en lice pour le scrutin dont le chef de l'Etat sortant est le favori.
«Crimes de guerre»
Prévue initialement fin avril, la présidentielle du 28 septembre a été reportée à deux reprises. Sa tenue est cependant toujours incertaine, alors que pourraient ensuite s'ouvrir en Norvège – si un accord américano-taliban est signé à Doha – des pourparlers de paix entre les insurgés et des représentants du gouvernement de Kaboul.
«Au moment où les talibans prétendent rechercher la paix, ils menacent de commettre des crimes de guerre en attaquant des civils lors de rassemblements électoraux», a commenté Zaman Sultani, chercheur en Asie du Sud pour Amnesty International.
Les insurgés font ainsi preuve d'un «mépris effroyable» pour la vie humaine, a-t-il ajouté dans un communiqué. Les talibans, qui avaient mené des attaques meurtrières durant les élections législatives d'octobre 2018, estiment que le processus électoral n'a «aucune valeur».
La victoire de M. Ghani lors de la précédente présidentielle avait été entachée de graves soupçons de fraude. Les Etats-Unis étaient ensuite intervenus pour que soit formé un gouvernement d'union avec son challenger Abdullah Abdullah, nommé chef de l'exécutif. En privé, de nombreux Afghans disent qu'ils n'ont pas l'intention de voter face aux risques d'attentats et aux soupçons de fraude.
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