Avancée inquiétante Les talibans s'emparent d'une deuxième capitale provinciale

ATS

7.8.2021 - 12:34

Les talibans se sont emparés samedi de la ville de Sheberghan (Nord). Il s'agit de la deuxième capitale provinciale à tomber aux mains des insurgés en moins de 24 heures et depuis le début du retrait définitif des forces étrangères d'Afghanistan en mai.

Keystone-SDA

Forces afghanes et talibans s'opposent depuis des jours.
Forces afghanes et talibans s'opposent depuis des jours.
ATS

«Malheureusement les talibans se sont emparés de la ville de Sheberghan», a indiqué à l'AFP Qader Malia, vice-gouverneur de la province de Jawzjan, dont Sheberghan est la capitale, ajoutant que «les forces (afghanes) et les responsables ont fui vers l'aéroport». La province de Jawzjan est le bastion du maréchal Abdul Rashid Dostom, puissant dirigeant de milice ouzbek, réputé pour sa loyauté changeante et sa barbarie.

Si son bastion de Sheberghan devait rester aux mains des talibans, ce serait un nouveau revers pour le gouvernement qui a récemment fait appel aux anciens chefs de guerre et à diverses milices pour tenter d'endiguer l'avancée des insurgés.

Forces retirées

Les talibans se sont rendus maîtres vendredi d'une première capitale provinciale, Zaranj (sud-ouest), sans réelle résistance des forces afghanes, déjà occupées à défendre plusieurs autres capitales provinciales à travers le pays.

Un conseiller du maréchal Dostom a confirmé la chute de Sheberghan. «Les forces de sécurité et les responsables se sont retirés dans une zone située à environ 20 km de la ville. Ils s'étaient déjà préparés, notamment en y transférant assez de munitions pour se défendre face à une attaque des talibans», a-t-il précisé.

Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux, et dirigent désormais leurs offensives sur les grandes villes, encerclant plusieurs capitales provinciales, dont Kandahar et Hérat, deuxième et troisième villes du pays.

Signe inquiétant

Si la prise de Zaranj – capitale de la province désertique de Nimroz, à la frontière iranienne – n'a guère d'importance stratégique, la capitulation des forces afghanes est un signe inquiétant pour d'autres villes isolées.

Sur les réseaux sociaux, les messages diffusés par les talibans suggèrent un accueil plutôt chaleureux de la part des civils à Zaranj, une ville ravagée par le crime. Ces publications montrent les talibans brandissant leurs drapeaux sur des véhicules militaires alors que des jeunes hommes et garçons les acclament.

Il est cependant difficile de savoir si ces réactions suggèrent un réel soutien aux insurgés ou si les civils doivent montrer leur soutien afin d'assurer leur survie. Les insurgés ont, selon des responsables, relâché tous les prisonniers à Zaranj.

Fuite des forces afghanes

Une vidéo publiée sur Twitter montre également des foules pillant les bureaux du gouvernement, volant bureaux, chaises et télévisions. L'authenticité de ces images n'a pas pu être vérifiée.

«Les forces de sécurités afghanes perdent le moral à cause de la propagande incessante des talibans», a expliqué à l'AFP un haut responsable de Nimroz, qui a demandé l'anonymat. «Même avant les attaques talibanes... beaucoup de forces afghanes ont baissé les armes, enlevé leurs uniformes, quitté leurs unités et fui», a-t-il raconté.

Depuis Kunduz, ville du Nord assiégée par les talibans depuis des semaines, l'activiste Rasikh Marof a raconté à l'AFP par téléphone que les combats ont fait rage la nuit dernière près du centre-ville, sans que les talibans ne puissent cependant gagner du terrain.

Civils pris au piège

Les forces gouvernementales ont «sérieusement défendu» la ville pour empêcher les talibans d'entrer, a-t-il expliqué, précisant que ces derniers utilisaient «des mortiers et des armes lourdes». Les forces afghanes ont eu recours à des frappes aériennes, selon M. Marod et un responsable local. «De nombreux magasins ont fermé et les gens restent chez eux pour se protéger» a continué l'activiste.

Selon le Dr Fazli, responsable de la santé pour la province de Kunduz, contacté par l'AFP dans la matinée, 38 blessés et 11 morts civils avaient été emmenés à l'hôpital principal de la ville depuis la reprise des violences la nuit dernière. «Les ambulances ne peuvent pas se déplacer à cause des combats», a-t-il ajouté, précisant que ces chiffres pourraient augmenter dans la journée.