La Première ministre britannique Theresa May va tenter de rassembler son parti derrière elle, à partir de dimanche au congrès annuel des conservateurs à Birmingham. Les Tories restent divisés sur le Brexit et la stratégie à adopter à six mois de l'échéance.
Affaiblie par le récent rejet de son "plan de Chequers" par les dirigeants européens, Mme May a une nouvelle fois été attaquée de front par son ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson.
Son potentiel challenger s'en prend au plan de Chequers, prévoyant le maintien d'une relation commerciale étroite avec l'UE par le maintien de règles communes, qu'il a qualifié dans le Sunday Times de "dérangé" et "totalement grotesque". Il prononcera mardi un discours très attendu.
"Contrairement à la Première ministre, j'ai fait campagne pour Brexit (...) et ce qui se passe maintenant, malheureusement, n'est pas ce qui a été promis aux gens en 2016", après la victoire du "oui" au référendum sur la sortie de l'UE, a-t-il déploré.
Seul plan viable
La Première ministre a rétorqué que son plan était la seule proposition sur la table permettant des échanges commerciaux transfrontaliers fluides et le maintien d'une frontière ouverte sur l'île d'Irlande - principale pierre d'achoppement dans les négociations avec l'UE. "Je crois au Brexit", a-t-elle insisté dimanche sur la BBC.
"Ce que nous proposons est dans l'intérêt national", a-t-elle poursuivi. "J'appelle le parti à se rassembler afin d'obtenir le meilleur accord (possible) pour le Royaume-Uni".
Mais Mme May, qui clôturera le congrès mercredi, ne devrait pas dire comment elle compte revoir sa copie comme demandé par Bruxelles, à l'approche du sommet européen des 18 et 19 octobre. "Si elle faisait des concessions maintenant, elle apparaîtrait faible, contrainte par l'UE", estime Simon Husherwood, professeur de sciences politiques à l'université de Surrey.
Lutte d'influence
Ses rivaux ont eux bien l'intention de saisir toutes les occasions lors du congrès pour multiplier les prises de parole et défendre un divorce "dur" avec l'UE. Theresa May ne dispose que d'une courte majorité au Parlement et se retrouve donc à la merci d'une rébellion de ses députés.
Comme Boris Johnson, le député Jacob Rees-Mogg ou l'ex-ministre du Brexit David Davis défendent un accord de libre-échange similaire à celui signé entre l'UE et le Canada (CETA). Une éventualité exclue par la dirigeante.
Le congrès devrait donner lieu à une subtile lutte d'influence entre les grandes figures du parti, estime Robin Pettitt, professeur à l'université Kingston de Londres. "Pour l'heure, personne ne veut remplacer Theresa May pour ne pas devoir gérer le Brexit", souligne-t-il. "Mais il y aura beaucoup de manoeuvres. Chacun va essayer de se positionner en tant que futur leader".
Theresa May, de son côté, a bien l'intention de rester au 10 Downing Street pour les années à venir. "Il y a un travail à long terme à mener", a-t-elle souligné dans le Sunday Times, accusant les opposants au plan de Chequers de "faire de la petite politique".
"Rébellion polie"
L'aile europhile du parti se prépare elle aussi à se faire entendre au cours du congrès. "L'heure est venue d'une rébellion polie de la part des conservateurs pragmatiques", a écrit dimanche le député Dominic Grieve dans le Sunday Telegraph. Il appelle à un nouveau référendum - totalement exclu par Mme May.
Devant l'ampleur des divisions et la menace posée par un Parti travailliste fustigeant les "huit années d'austérité destructrices" des Tories, des élus appellent aussi à un sursaut. Ils exhortent le parti à se mobiliser sur les enjeux de santé ou d'éducation.
Theresa May a également cherché à recentrer le débat sur les questions de politique intérieure. Elle a annoncé dimanche son intention d'augmenter les taxes sur les habitations achetées par des étrangers non-résidents, qui font grimper les prix selon elle, pour financer l'aide aux sans-abri.
Avant même son lancement, le congrès des Tories a été marqué par une faille dans la sécurité d'une application mobile du parti. Cette dernière a dévoilé temporairement samedi les données personnelles de ministres et députés, dont le numéro de téléphone portable de Boris Johnson.
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