Conflit Les Ukrainiens disent ralentir l'armée russe, qui avance vers Kiev

ATS

10.3.2022 - 02:31

L'armée ukrainienne a assuré jeudi à l'aube qu'elle ralentissait l'offensive russe, deux semaines après le déclenchement de l'assaut. À Kiev, les forces russes poursuivaient leur «opération offensive» pour encercler la capitale ukrainienne.

Elles attaquent en outre sur d'autres fronts les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy, d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et Zaparojie, a précisé dans un point sur la situation à minuit locale (mercredi 23h00 en Suisse), l'état-major ukrainien.

Des colonnes de chars russes ne se trouvaient plus mercredi qu'à une quinzaine de kilomètres, à proximité de Brovary. À 30 km de cette localité, des combats ont également eu lieu près de Rusaniv, ont dit à l'AFP des soldats ukrainiens.

«Les colonnes de chars russes ont pris hier deux villages à quelques kilomètres. Ils tirent pour effrayer les gens et les forcer à rester chez eux, volent ce qu'ils peuvent pour se ravitailler et s'installent au milieu des habitants, pour ne pas que les forces ukrainiennes les bombardent», a raconté Volodymyr, qui habite non loin de Brovary.

35'000 personnes évacuées mercredi

Le chef de l'administration militaire de la région de Soumy, Dmytro Jivitsky a indiqué jeudi que trois couloirs humanitaires devraient ouvrir jeudi pour évacuer des habitants de la région vers la ville de Poltava.

La Russie et l'Ukraine se sont entendues mercredi sur des cessez-le-feu pour permettre d'établir des couloirs humanitaires autour de zones durement frappées ces derniers jours par les combats, qui ont obligé les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves.

Au moins 35'000 civils ont été évacués mercredi de Soumy, d'Enerhodar et de zones proches de la capitale Kiev, a annoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky mercredi soir. Plusieurs couloirs étaient également prévus afin de laisser se replier, vers Kiev, les habitants de villes à l'ouest de la capitale.

Le bombardement aérien mercredi d'un hôpital pédiatrique par les forces russes dans la ville assiégée de Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est), a provoqué l'indignation des autorités ukrainiennes et des Occidentaux, dont la Suisse. L'attaque a fait 17 blessés.

Le président ukrainien, qui a dénoncé un «crime de guerre», a partagé des vidéos montrant la destruction de l'établissement, qui abritait une maternité et un hôpital pédiatrique. On peut voir l'intérieur de bâtiments soufflés, des débris, des feuilles de papier et des morceaux de verre jonchant le sol.

«Il n'y a aucun enfant» parmi les blessés et «aucun mort», selon un bilan fourni par les autorités locales. Le bombardement s'est produit alors que des femmes étaient en train d'accoucher dans l'hôpital, qui venait d'être ré-équipé, a indiqué à l'AFP un membre de l'administration militaire de la région de Donetsk.

Le gouvernement russe n'a pas nié l'attaque, mais a affirmé que des «bataillons nationalistes» ukrainiens utilisaient l'hôpital comme base de tir. Les neuf jours de siège de Marioupol ont déjà fait 1207 morts, a affirmé mercredi soir la mairie.

Dans son dernier bilan mercredi, l'ONU a estimé que 516 civils ont été tués et plus de 800 blessés en Ukraine depuis le début de l'invasion, qui a jeté sur les routes de l'exil plus de deux millions de réfugiés.

Discussions en Turquie

L'attaque a eu lieu la veille de discussions à Antalya entre le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba. Les deux hommes sont arrivés en Turquie jeudi pour la première rencontre jeudi à ce niveau depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février.

Des responsables de Kiev et Moscou se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises, mais c'est la première fois que la Russie a dépêché un ministre pour des discussions sur cette crise.

Les pourparlers entre la Russie et l'Ukraine ont jusqu'à présent abouti à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture de corridors humanitaires pour évacuer les résidents, mais Moscou a été accusé d'avoir violé ces accords.

M. Kuleba a indiqué dans une vidéo sur Facebook que ses attentes étaient «limitées», car la Russie maintient une campagne de bombardements brutale et un siège des grandes villes. Il a déclaré que le succès des pourparlers dépendrait «des instructions et des directives données à Lavrov» par le Kremlin.