Islande Les urnes sont ouvertes – La coalition au pouvoir menacée

ATS

25.9.2021 - 15:38

L'Islande a commencé à voter samedi après quatre ans d'une inédite coalition gauche-droite. Celle-ci est parvenue à mettre un terme aux crises et aux scandales mais elle risque de perdre sa majorité face à l'éparpillement politique.

Image d'illustration 
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KEYSTONE/AP Photo/Brynjar Gunnarsson

La formation d'une nouvelle alliance risque de faire remonter la température au pays du feu et de la glace – 370'000 habitants dont 255'000 électeurs – théâtre depuis six mois d'une longue éruption volcanique visible depuis la capitale Reykjavik.

Cheffe d'un mouvement de gauche écologiste qui n'avait jamais jusqu'alors dirigé l'Islande, la première ministre Katrin Jakobsdottir est en difficulté pour décrocher un deuxième mandat dans un paysage politique plus morcelé que jamais.

Record de partis

«Beaucoup de partis menacent d'augmenter les impôts et ce n'est pas une bonne chose: nous en avons déjà trop!», a déclaré un entrepreneur de 47 ans, qui était parmi les premiers à voter peu après 09h00 GMT à Reykjavik.

Selon les sondages, un record de neuf partis sur les dix en lice devraient se partager les sièges de l'Althingi – le Parlement plus que millénaire -, rendant particulièrement illisible l'alliance gouvernementale qui pourrait en ressortir.

Avec 33 députés sur 63, la coalition sortante est une alliance hétéroclite du Parti de l'indépendance (conservateur, 16 sièges) du vieux routier de la politique islandaise Bjarni Benediktsson, du Parti du progrès (centre-droit, 8 sièges) de Sigurður Ingi Jóhannsson et du mouvement Gauche-Verts de Mme Jakobsdottir (passé de 11 à 9 sièges après deux défections).

Si certains sondages donnent à l'équipe sortante une très étroite majorité, d'autres projettent son échec, sauf renfort d'un quatrième mouvement.

«Parce qu'il y a tant de partis, je pense qu'il y aura plusieurs possibilités différentes de former un gouvernement», a souligné la première ministre dans un entretien à l'AFP cette semaine.

Succès et concessions

Bien qu'elle soit populaire, son parti navigue autour de 10-12% dans les sondages et risque de perdre plusieurs sièges. De quoi menacer son avenir à Stjórnarrádid, la modeste maison blanche où siègent les chefs de gouvernement islandais.

Lors de son mandat, elle a rendu les impôts sur le revenu plus progressifs, augmenté le budget du logement social et étendu le congé parental. Et sa gestion du Covid – 33 morts seulement – a été saluée.

Mais cette rare membre d'un parti de gauche écologiste à diriger un pays européen a aussi dû concéder des renoncements pour sauvegarder sa coalition, comme sa promesse de créer un parc national dans le centre d'un pays aux 32 systèmes volcaniques actifs et 400 glaciers.

C'est la deuxième fois seulement depuis la crise financière de 2008 qu'un gouvernement va au terme de son mandat, dans ce pays non membre de l'Union européenne. Sur fond de défiance à l'égard de la classe politique héritée de l'effondrement financier et de scandales à répétition, cinq élections législatives avaient eu lieu entre 2007 et 2017.

Le Parti de l'indépendance, qui oscille entre 20 et 24% d'intentions de vote, risque de perdre des sièges mais devrait rester la plus large formation politique.

Héritier d'une famille qui a régné sur la droite islandaise, son dirigeant, l'ex-premier ministre (janvier-novembre 2017) et actuel ministre des Finances Bjarni Benediktsson a survécu à plusieurs scandales, dont celui des Panama Papers en 2016, et affronte son cinquième scrutin.

«Bien sûr si c'est notre destin d'offrir l'opposition nécessaire au nouveau gouvernement, nous le ferons. Mais nous sommes de loin le plus grand parti et je suis optimiste», a-t-il confié à l'AFP juste après avoir voté.

«Mêlée générale»

Derrière, pas moins de cinq formations politiques sont créditées de 10 à 15% des voix: outre le mouvement Gauche-Verts et le Parti du progrès – en position de ravir la deuxième place – on retrouve l'Alliance social-démocrate (gauche), les Pirates (libertaire) et Réforme (centre-droit). A la gauche de la gauche, le nouveau Parti socialiste islandais devrait faire une percée.

«Il n'y a pas d'alternative claire à ce gouvernement. S'il tombe et (les trois partis) ne peuvent pas continuer, alors c'est juste une mêlée générale et la création d'une nouvelle coalition», souligne le politologue Eiríkur Bergmann.

Les premiers résultats partiels seront connus samedi peu après la fermeture des bureaux à 22h00 GMT (minuit suisse), mais l'émergence d'une majorité nécessitera certainement plus qu'une nuit de dépouillement.