Libye Des enquêteurs de l'ONU dénoncent l'esclavage sexuel des migrants

sn, ats

27.3.2023 - 13:04

Les enquêteurs onusiens estiment que l'esclavage sexuel par des autorités en Libye constitue un crime contre l'humanité. Dans leur rapport présenté lundi à Genève, ils mettent en cause les centres de trafic de Bani Walid et Sabratah.

La Mission d'établissement des faits sur les violations des droits humains en Libye avait déjà dénoncé à plusieurs reprises de probables crimes contre l'humanité dans les prisons et contre les migrants (photo d'illustration).
La Mission d'établissement des faits sur les violations des droits humains en Libye avait déjà dénoncé à plusieurs reprises de probables crimes contre l'humanité dans les prisons et contre les migrants (photo d'illustration).
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Keystone-SDA, sn, ats

La Mission d'établissement des faits sur les violations des droits humains en Libye avait déjà dénoncé à plusieurs reprises de probables crimes contre l'humanité dans les prisons et contre les migrants. Mais elle ne s'était pas encore penchée sur l'esclavage sexuel subi par les migrants dans ce pays.

Dans ce rapport, elle estime que ceux-ci ont été asservis dans des centres de détention officiels où ils ont été victimes de viols. Elle affirme que quatre entités de l'Etat ou qui lui sont proches ont été associées à ces abus.

Parmi les reproches, elle identifie de la torture, de la détention à l'isolement ou encore le manque d'accès à la nourriture, à l'eau ou à des conditions d'emprisonnement adaptées. Plus largement, elle se dit également «très inquiète» de la détérioration de la situation des droits humains. Les femmes sont systématiquement discriminées et leur situation est considérée comme toujours plus préoccupante.

Aussi bien les forces de sécurité étatiques que les milices armées sont responsables de probables crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Presque tous les rescapés que la mission a interrogés n'ont pas déposé de plainte officielle. Ils redoutent des représailles, des arrestations ou de l'extorsion, affirme également celle-ci. Outre l'esclavage sexuel, le rapport mentionne de nombreux cas de détentions arbitraires, d'exécutions extrajudiciaires, de meurtres, de viols ou de disparitions forcées.

Réformes pas encore abouties

La mission a souvent dénoncé par le passé la situation des migrants. Ceux-ci font l'objet de torture systématique, répète-t-elle. «Il y a un besoin urgent d'établir des responsabilités pour mettre un terme à cette impunité persistante», affirme son président Mohamed Auajjar.

Les trois enquêteurs indépendants de l'ONU demandent aux autorités de lancer un plan d'action sur les droits humains et une approche de justice avec les victimes en son centre. Or, les violations se poursuivent à un rythme important et le gouvernement ne semble pas avoir mené des «étapes significatives» pour y répondre, déplore le rapport.

Des autorités parallèles sont observées et les réformes pour garantir l'Etat de droit et l'unification du pays sont loin d'être terminées, selon lui. Les milices et groupes armés s'appuient également sur une large impunité.

Appel à des mécanismes

Le gouvernement est lui mis en cause pour des assauts contre les défenseurs des droits humains, les activistes des droits des femmes ou encore des organisations de la société civile. Le trafic ou encore les détentions aboutissent à d'importants avantages financiers pour certaines personnes et certains groupes.

Il faut un climat qui permette des élections libres et équitables, qui se font toujours attendre malgré des accords sur cette question, ajoute la mission. Elle demande aussi le lancement par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'un mécanisme d'enquête international indépendant pour préserver les preuves de violations.

Et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme devrait lui établir un dispositif séparé de suivi, affirme-t-elle encore. Les trois enquêteurs vont partager avec la Cour pénale internationale (CPI) leur matériel et une liste d'individus identifiés comme possibles responsables de crimes internationaux.