Libye Libye: l'ONU veut une investigation sur les violences anti-migrants

sn, ats

12.10.2021 - 22:42

L'ONU veut une investigation rapide et indépendante sur le recours excessif à la force contre les migrants ces dernières semaines en Libye. Mardi à Genève, elle a appelé les autorités à cesser les expulsions qui violent le droit international.

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«Nous sommes extrêmement inquiets», a affirmé à la presse une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. La semaine dernière, des raids policiers près de Tripoli avaient abouti à l'arrestation de milliers de personnes qui attendaient d'être réinstallées vers des pays tiers par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

La plupart d'entre elles venaient d'Afrique sub-saharienne, selon la porte-parole. La Mission de l'ONU en Libye (MANUL) avait fait part d'une victime et de cinq blessés. Les autorités ont fait preuve d'un recours disproportionné à la force en tirant sur ceux qui tentaient de résister ou en les battant, a précisé la porte-parole. Les migrants sont retenus dans un centre de détention, sans grand accès à de l'eau ou de la nourriture.

Mercredi dernier, des centaines de personnes ont réussi à s'échapper. Mais les forces de l'ordre ont tiré sur elles. Au moins quatre personnes ont été tuées et d'autres blessées. Cette situation a aussi été observée deux jours plus tard, sans que le nombre de victimes ne soit connu. De nombreuses personnes ont été à nouveau arrêtées et emmenées dans des prisons officielles ou non officielles.

Mercredi dernier, Médecins Sans Frontières (MSF) avait estimé que le nombre de migrants et de réfugiés détenus à Tripoli avait plus que triplé en cinq jours. L'ONG a ajouté avoir pris en charge plus de 160 personnes dans des prisons. Récemment, la Mission d'établissement des faits indépendante de l'ONU avait ciblé de possibles crimes contre l'humanité dans les centres de détention de migrants.

Plus de 250 enfants

Le Haut-Commissariat salue lui la promesse des autorités de libérer certaines personnes mais rappelle qu'elles n'auraient pas dû être retenues. Il les appelle à relâcher les détenus arbitraires, à ne plus mener de raids dans les sites où se trouvent les migrants et à les décriminaliser. Les autorités doivent arrêter les expulsions qui violent le droit international, selon lui.

En soirée, c'est le bureau de l'Unicef à Tripoli qui en est allé de son appel. «Environ 751 femmes et 255 enfants faisaient partie des milliers de migrants et de demandeurs d'asile pris dans les récentes arrestations massives» dans la capitale, a indiqué dans un communiqué le bureau du Fonds des Nations unies pour l'enfance en Libye.

«La sûreté et le bien-être» de ces femmes et enfants, dont cinq non accompagnés et au moins 30 nourrissons, sont «en danger immédiat», est-il ajouté.