Grande-BretagneLondres aurait sous-estimé le risque russe
ATS
21.7.2020 - 16:29
Une commission parlementaire britannique a exhorté mardi le gouvernement à enquêter sur de possibles ingérences russes dans la vie politique du pays, notamment pendant la campagne du référendum sur le Brexit en 2016. Elle lui reproche d'avoir sous-estimé les risques.
Très attendu depuis des mois au Royaume-Uni, le rapport de la commission sur le renseignement et la sécurité (ISC) n'a pas permis de livrer un verdict précis. Il a cependant étrillé le manque de curiosité du gouvernement sur la question.
Dans son rapport de 55 pages, la commission conclut que l'influence russe sur la politique au Royaume-Uni est devenue «la nouvelle normalité», une situation «sérieusement sous-estimée» par le gouvernement.
Les députés de l'ISC ne sont pas parvenus à mettre en évidence des preuves d'ingérences russes, que ce soit dans la campagne du référendum sur le Brexit ou celui sur l'indépendance de l'Ecosse de 2014, où 55% des électeurs ont voté pour le maintien au sein du Royaume-Uni.
«Pas de preuve d'une ingérence»
«Il aurait dû y avoir une évaluation des ingérences russes dans le référendum. Il doit y en avoir une et les résultats de cette évaluation doivent être portés à la connaissance du public», a déclaré le député travailliste Kevan Jones en présentant le rapport.
Il a estimé que le Royaume-Uni n'a pas évalué les ingérences russes dans le référendum sur la sortie de l'Union européenne. Il a souligné le «contraste saisissant» avec la réponse américaine au sujet de celles sur la présidentielle de 2016.
Le gouvernement a contesté avoir été trop lent à agir, soulignant qu'il n'y avait «pas de preuve d'une ingérence réussie dans le référendum sur l'UE». Il a toutefois assuré que la Russie constituait «une priorité absolue en termes de sécurité nationale», car elle pose «une menace durable et importante pour le Royaume-Uni et ses alliés» par le biais de «capacités militaires conventionnelles», de «désinformation» ou encore de «cyberattaques».
«Russophobie»
Pour la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, le rapport ne traduit que de la «russophobie sous forme de fausses informations». Peu avant la présentation du document, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait assuré que «la Russie n'est jamais intervenue dans le processus électoral d'aucun pays dans le monde, ni aux Etats-Unis, ni au Royaume-Uni, ni dans aucun autre» pays.
La commission parlementaire souligne aussi que les gouvernements successifs ont accueilli «à bras ouverts» les oligarques russes et leur argent, leur permettant ainsi de prendre pied au Royaume-Uni.
La publication du rapport intervient dans un climat orageux entre Londres et Moscou. Le Royaume-Uni a ainsi mis en cause la semaine dernière des «acteurs russes» dans des interférences pendant la campagne pour les législatives de décembre dernier et accusé les services de renseignement russes d'être derrière des attaques informatiques destinées à s'emparer du fruit de recherches sur un vaccin contre le nouveau coronavirus. Le Kremlin a démenti ces accusations.