Niger Lourdes pertes nigériennes après une attaque

ATS

12.12.2019 - 03:18

Les pertes de l'armée nigérienne sont essentiellement dues aux explosions des munitions et du carburant (archives).
Les pertes de l'armée nigérienne sont essentiellement dues aux explosions des munitions et du carburant (archives).
Source: KEYSTONE/EPA US ARMY/US ARMY/SPC. ZAYID BALLESTEROS H

L'armée nigérienne a subi ses plus lourdes pertes depuis qu'elle est confrontée au défi djihadiste, lors d'une attaque mardi du camp d'Inates, près de la frontière avec le Mali. Le bilan se monte à 71 militaires tués, douze blessés et des portés disparus.

«Un nombre important de terroristes» ont été «neutralisés», a indiqué dans un communiqué le ministère nigérien de la défense. «Les combats», qui ont duré trois heures, ont été «d'une rare violence combinant des tirs d'artillerie et l'emploi de véhicules kamikaze par l'ennemi», a ajouté le ministère, estimant le nombre de «terroristes lourdement armés» à «plusieurs centaines».

Selon une source sécuritaire, «les terroristes ont pilonné le camp à l'aide d'obus» et beaucoup de victimes sont décédées dans des explosions de dépôts de munitions et de carburant.

Le président rentre à Niamey

L'ampleur inédite des pertes subies a été ressentie jusqu'au sommet de l'Etat. Le président nigérien Issoufou Mahamadou «a interrompu sa participation à la conférence sur la paix durable, la sécurité et le développement en Afrique qui se tient en Égypte, pour rentrer à Niamey suite au drame survenu à #Inates», a indiqué la présidence sur Twitter. Il présidera jeudi une réunion du conseil national de sécurité, a-t-elle ajouté.

En accord avec son homologue nigérien, le président français Emmanuel Macron a annoncé le report au «début de l'année 2020» d'un sommet avec les dirigeants des cinq pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) initialement prévu le 16 décembre.

Ce sommet doit avoir lieu à Pau, ville du sud-ouest de la France où étaient basés la majorité des 13 soldats français décédés le 25 novembre dans un accident d'hélicoptères au Mali.

Cette attaque est la plus meurtrière depuis le début de l'offensive de djihadistes au Niger, en 2015. Au-delà de ce pays, c'est tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, qui est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Mali a notamment été frappé par un automne sanglant, lors duquel plus de 140 soldats ont été tués, provoquant un véritable traumatisme. Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou, également près de la frontière malienne.

Base déjà ciblée

Inates se situe au coeur d'une région en proie à la contrebande et aux trafics. La base militaire y avait déjà été ciblée le 1er juillet quand 18 soldats nigériens y avaient perdu la vie, dans une attaque revendiquée par l'Etat islamique.

Mardi, le conseil des ministres nigériens avait prorogé pour une période de trois mois l'état d'urgence décrété depuis 2017 dans plusieurs départements pour lutter contre les attaques djihadistes.

Cette mesure accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d'ordonner des perquisitions de nuit comme de jour dans un domicile. En outre, elle limite les déplacements dans les espaces concernés.

Depuis octobre, il est aussi formellement interdit aux organisations humanitaires de se rendre dans certaines zones sans escorte militaire.

Réunion à Pau

Cette attaque survient alors que le président français Emmanuel Macron a invité les présidents du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie à le retrouver le 16 décembre à Pau, dans le sud-ouest de la France. C'est dans cette ville qu'étaient basés la majorité des treize soldats français décédés le 25 novembre dans un accident d'hélicoptères au Mali.

M. Macron souhaite davantage de «clarté» de la part de ses homologues sahéliens sur la présence française au moment où celle-ci suscite une contestation grandissante, avec notamment des manifestations antifrançaises. Une partie de l'opinion publique sahélienne attribue la dégradation sécuritaire à la présence même des troupes étrangères.

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