Union européenne Lutte anticorruption sans compromis

ATS

10.1.2019 - 22:14

Froissée par les doutes exprimés fin décembre par Jean-Claude Juncker (g) sur la capacité de Bucarest à présider l'UE, la Première ministre Viorica Dancila(d) a souhaité que son pays soit traité avec respect.
Froissée par les doutes exprimés fin décembre par Jean-Claude Juncker (g) sur la capacité de Bucarest à présider l'UE, la Première ministre Viorica Dancila(d) a souhaité que son pays soit traité avec respect.
Source: KEYSTONE/EPA/ROBERT GHEMENT

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a averti jeudi soir à Bucarest qu'il n'y avait pas de compromis possible dans la lutte contre la corruption. Il s'est exprimé lors d'un discours marquant le début officiel de la présidence roumaine de l'UE.

"Oui, l'Union européenne est faite de compromis mais lorsqu'il s'agit des droits humains, lorsqu'il s'agit de l'Etat de droit, de la lutte contre la corruption, il n'y a pas de compromis possible", a averti Jean-Claude Juncker devant les plus hauts responsables roumains réunis pour un concert devant marquer le début de cette présidence de six mois.

La Roumanie est sous le feu des critiques de Bruxelles en raison de la réforme controversée de son système judiciaire, qui risque d'affaiblir la lutte contre la corruption et saper l'Etat de droit.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a regretté pour sa part que "certains au sein de l'Union européenne pensent que c'est un signe de force d'agir en dehors des règles. Ils ont tort, c'est un signe de faiblesse".

"J'appelle les Roumains à défendre les fondements de notre civilisation politique : la liberté, l'intégrité, le respect de la vérité dans la vie publique, l'Etat de droit, la Constitution", a-t-il souhaité lors d'un discours très applaudi prononcé en roumain, alors que certains craignent que Bucarest n'emprunte la voie de la Hongrie illibérale.

"La Commission est l'amie de la Roumanie, ce dont certains dans ce pays semblent parfois douter", a encore lancé M. Juncker alors que le gouvernement social-démocrate a multiplié les diatribes contre Bruxelles, accusée de vouloir s'immiscer dans la politique roumaine.

Partenaires égaux et respectés

Brillant par son absence lors de cette soirée de gala, le président de la chambre des députés et chef du parti social-démocrate au pouvoir, Liviu Dragnea, a entamé une procédure contre la Commission devant la justice européenne, estimant que sa présomption d'innocence n'a pas été suffisamment respectée dans une enquête sur une fraude présumée aux fonds européens.

Froissée par les doutes exprimés fin décembre par Jean-Claude Juncker sur la capacité de Bucarest à présider l'UE, la Première ministre Viorica Dancila a souhaité que son pays soit traité avec respect. "Nous voulons être des partenaires égaux et respectés au sein de l'UE", a-t-elle réclamé.

Plusieurs centaines de manifestants étaient rassemblés à l'extérieur de l'auditorium de Bucarest pour exprimer leur attachement aux valeurs européennes. "La Roumanie se trouve à un carrefour, ils (les politiques, ndlr) essayent depuis deux ans, et ont partiellement réussi, à mettre la justice à genoux afin de protéger les corrompus", a déclaré à l'AFP Gheorghe Tenita, un retraité, brandissant un drapeau de l'UE et un tricolore roumain. "UE, désolés pour ce gouvernement" proclamait une pancarte, alors que les manifestants scandaient le nom de l'Europe.

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