Nordahl LelandaisA son procès, Nordahl Lelandais se campe en homme «perdu»
AFP
3.2.2022
Au troisième jour de son procès à Grenoble pour le meurtre de la petite Maëlys, Nordahl Lelandais s'est présenté mercredi comme un homme qui s'est «perdu» après l'échec de sa carrière militaire.
AFP
03.02.2022, 10:03
03.02.2022, 12:36
AFP
Cette journée d'audience s'est achevée sur cinq heures d'interrogatoire quasiment ininterrompues, d'abord dans un long échange avec la présidente Valérie Blain, puis avec les différents avocats et le procureur général.
«Que peux-tu dire sur l'échec de ta vie (...) ? Parce que tes amis l'ont dit, tu avais toutes les armes en main», le tance son avocat Me Alain Jakubowicz, alors que l'ancien maître-chien est jugé pour le meurtre de Maëlys De Araujo, 8 ans, disparue lors d'un mariage en août 2017, et qu'il a reconnu avoir tuée «involontairement».
Se tenant debout bien droit dans son box et sans jamais s'agacer, comme il l'avait parfois fait lors de son précédent procès d'assises en mai 2021 à Chambéry pour le meurtre du caporal Arthur Noyer, l'ancien militaire de 38 ans répond que sa «responsabilité est totale». «L'armée était pour moi quelque chose de très, très important. C'est suite à tout ça que j'ai commencé à me laisser aller», expose-t-il à propos de la «carrière» qu'il espérait faire parmi «l'élite de la France» mais qui a tourné court.
Il signe son contrat d'engagement en 2001 dès l'âge de 17 ans et demi, mais sera réformé après différents épisodes dont l'un où il est blessé par une fléchette dans l'oeil. Il se fera également surprendre en Guyane par un supérieur en possession de cannabis. Réformé P4, il est rayé des cadres de l'armée de terre en 2005. Retour à la vie civile. «Je m'éparpille, un peu de boulot, j'arrête, des copines, j'arrête, je fais n'importe quoi». L'un de ses meilleurs amis le dépeindra comme un «anorexique du travail». Sa dépendance aux sites pornographiques «a commencé après l'armée», admet-il.
«C'est quoi la journée-type de Nordahl Lelandais début 2017 ?», veut ensuite savoir son avocat. «On se lève tard, ça peut être 9H00 comme 14H00, café, clope, cocaïne, sites pornos», répond l'accusé. «Jamais» de sites pédopornographiques en revanche, martèle-t-il alors qu'il doit également être jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographiques.
«Nono le malheureux»
Autre moment charnière dans son parcours, la mort d'Arthur Noyer en avril 2017. «Avant, j'étais perdu. Après j'étais complètement perdu», lâche-t-il au sujet du jeune homme qu'il dit avoir tué dans une «bagarre» qui a mal tourné après l'avoir pris en stop. L'accusé explique qu'il a alors fait preuve de «lâcheté», disant avoir voulu en parler à un cousin proche mais n'en avoir pas eu le «courage». «Je m'interdisais devant mes amis de montrer Nono le malheureux».
Pour l'avocat du père de Maëlys, Me Laurent Boguet, Lelandais «parle, il parle beaucoup mais il ne dit jamais rien». «Je suis perdu, ça ne suffit pas. Quelle est la portée de votre perdition ?», interroge-t-il.
Mercredi, la journée avait démarré dans l'incertitude lorsqu'on avait appris que l'accusé avait ressenti «quelques symptômes» du Covid-19 et avait procédé à un autotest puis à un test antigénique, qui se sont révélés négatifs. L'audience avait ensuite débuté par l'audition d'une ex-partenaire sexuelle qu'il fréquentait épisodiquement dans les mois précédant la mort de la fillette. .
Tout au long de la journée de mardi, ses anciens amis et des ex-petites amies avaient déjà fait part, souvent avec beaucoup d'émotion, de leur «incompréhension» et l'avaient eux aussi poussé à se livrer sur les circonstances du décès de la fillette.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Jeudi, la cour devrait commencer à examiner les faits concernant la mort de Maëlys avec l'audition prévue des enquêteurs et d'un expert de la police scientifique. Le verdict est attendu autour du 18 février.