Macédoine du Nord Macédoine: appel à des élections anticipées

ATS

19.10.2019 - 20:41

«Nous ne cherchons pas à adhérer à l'UE pour être dans l'Europe, car nous faisons déjà partie du continent, mais à cause de ses valeurs», a affirmé Zoran Zaev.
«Nous ne cherchons pas à adhérer à l'UE pour être dans l'Europe, car nous faisons déjà partie du continent, mais à cause de ses valeurs», a affirmé Zoran Zaev.
Source: KEYSTONE/EPA/GEORGI LICOVSKI

Le Premier ministre de Macédoine du Nord, Zoran Zaev, a appelé samedi à des élections anticipées après le refus de l'Union européenne d'ouvrir des négociations d'adhésion pour ce pays des Balkans. Ce projet était au coeur de sa politique.

Les dirigeants européens réunis vendredi en sommet à Bruxelles avaient constaté un blocage sur l'ouverture des négociations d'adhésion de l'UE avec la Macédoine du Nord et l'Albanie par certains Etats membres. La France en tête, entourée des Pays-Bas et du Danemark, a refusé l'ouverture de ces négociations, qui requièrent l'unanimité.

Le processus est donc gelé au moins jusqu'au printemps. Ce blocage a provoqué une vague de déception et de colère, non seulement en Macédoine du Nord et en Albanie, mais aussi parmi nombre de dirigeants d'autres pays européens et de hauts responsables de l'UE, favorables à ces négociations.

Conditions remplies

«Tout le monde (dans l'UE) a concrètement et précisément confirmé que nous remplissons toutes les conditions» pour lancer les négociations d'adhésion. «Le président (français Emmanuel) Macron l'a aussi confirmé», mais «la France a dit que l'UE a besoin de temps», a expliqué le Premier ministre macédonien dans une allocution télévisée.

«Ils ont le droit de le faire», mais «nous sommes victimes d'une erreur historique de l'UE», a estimé M. Zaev, faisant écho à une déclaration similaire du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui s'était excusé vendredi pour cette rebuffade.

«Voici ce que je propose: l'organisation rapide d'élections par lesquelles vous, les citoyens, déciderez de la route que nous allons emprunter», a-t-il proposé.

Rencontre dimanche

Il a indiqué qu'il rencontrerait dimanche le président macédonien Stevo Pendarovski et d'autres dirigeants politiques pour discuter des prochaines étapes. Toutes les options sont ouvertes, a-t-il dit.

«Nous ne cherchons pas à adhérer à l'UE pour être dans l'Europe, car nous faisons déjà partie du continent, mais à cause de ses valeurs. Ne nous décourageons pas», a-t-il ajouté.

Ce social-démocrate était arrivé au pouvoir en 2017, en chassant le parti de droite de son prédécesseur Nikola Gruevski, cerné par des affaires de corruption, d'abus de pouvoir et d'écoutes illégales. Depuis, M. Zaev a investi tout son capital politique dans le fait de mettre la Macédoine du Nord sur les rails de l'adhésion à l'UE.

Face à une féroce opposition des nationalistes, il a dû notamment se lancer dans un processus compliqué pour changer le nom de son pays – il s'appelait auparavant la Macédoine – pour mettre fin à un long différend avec la Grèce, qui s'opposait jusque-là à l'ouverture d'un processus d'adhésion.

Crédibilité de l'UE entamée

Le Premier ministre macédonien dit avoir demandé à rencontrer le président français mais en vain. Emmanuel Macron assure ne vouloir qu'une réforme du processus d'adhésion avant d'en lancer un nouveau.

Pour James Ker-Lindsay, un expert des Balkans à la London School of Economics, la défection de l'UE envers la Macédoine du Nord est «désastreuse» pour la crédibilité de l'Union dans la région.

Retour à la page d'accueil