Tournée en Afrique Macron: agriculture à Luanda et histoire à Brazzaville

ATS

3.3.2023 - 17:54

En tournée en Afrique centrale, le président français Emmanuel Macron a insisté vendredi à Luanda sur le nouveau visage que veut présenter son pays au continent. Il entamait ensuite une séquence historique à Brazzaville.

Emmanuel Macron (à g.) reçu par le président angolaisb Joao Lourenco (à dr.).
Emmanuel Macron (à g.) reçu par le président angolaisb Joao Lourenco (à dr.).
ATS

M. Macron a atterri peu avant 17h00 à Brazzaville, la capitale du Congo, en provenance de Luanda, en Angola, qui était la deuxième étape de son voyage après le Gabon, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il ne doit passer que quelques heures à Brazzaville, qu'il quittera dans la soirée pour Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), juste en face, sur l'autre rive du fleuve qui a donné son nom aux deux pays.

A Luanda, le président français a participé à un forum économique axé sur l'agriculture, auquel plus de 50 entreprises françaises ont pris part, avant de rencontrer son homologue angolais Joao Lourenço.

Des accords de coopération ont été conclus pour renforcer la filière agricole angolaise, alors que le pays lusophone d'Afrique australe importe une grande partie de ses produits alimentaires.

Répondre aux défis

«Ça correspond à l'idée que je me fais du partenariat économique entre le continent africain et la France», a expliqué M. Macron devant une centaine de participants. A savoir «répondre aux défis de l'Angola avec les acteurs qui sont les nôtres», en «défendant nos intérêts de part et d'autre de manière respectueuse mais déterminée».

C'est une «stratégie de souveraineté alimentaire à laquelle nous croyons pour le continent africain», consistant à «bâtir des partenariats équilibrés et réciproques» et à développer du 'made in Africa' qui doit devenir une référence», a-t-il dit.

La France est présente de longue date dans le secteur pétrolier en Angola, mais la visite d'Emmanuel Macron est l'occasion d'explorer des collaborations dans d'autres secteurs, avec notamment des accords conclus pour renforcer la «résilience climatique» de l'agriculture angolaise ou accompagner sa filière café.

«Désescalade» en RDC

Avant de quitter Luanda, il a remercié le président Lourenço qui oeuvre «avec beaucoup d'engagement pour la stabilité de la région», citant le conflit dans l'est de la RDC. Il a évoqué des «espoirs légitimes de résultats concrets dans les prochains jours pour obtenir une désescalade».

Une délégation de la rébellion du M23, active en RDC, était présente à Luanda, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources. Aucune rencontre n'a cependant eu lieu entre cette délégation et la présidence française, selon l'Elysée.

La suite du périple d'Emmanuel Macron devrait s'articuler autour du fil rouge affiché: tourner la page de la «Françafrique», avec ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités de la colonisation, adopter un nouveau «logiciel» reposant sur «l'humilité» et des partenariats pragmatiques.

L'étape de Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso règne d'une main de fer depuis près de 40 ans, risque d'apparaître à contrecourant de cette nouvelle orientation affichée par Paris.

A la veille de son arrivée, des organisations de défense des droits humains ont demandé au président français de relayer leurs préoccupations.

Elles ont plaidé pour la libération du général Jean-Marie Michel Mokoko et d'André Okombi Salissa, respectivement ancien chef d'état-major des armées et ex-ministre, incarcérés après la présidentielle de 2016 qu'ils ont perdue et contestée.

«Pas le bienvenu»

Samedi à Kinshasa, Emmanuel Macron rencontrera notamment le professeur Jean-Jacques Muyembe, codécouvreur du virus Ebola, ainsi que des artistes et entrepreneurs culturels.

Cette étape peut s'avérer délicate, alors que la France est accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa face à la rébellion dans l'est du pays. Kinshasa, mais aussi des experts de l'ONU, estiment que le Rwanda aide les rebelles.

Après plusieurs petites manifestations cette semaine, une vingtaine de mouvements citoyens ont affirmé que M. Macron n'était «pas le bienvenu».