Consultations sans finMacron cherche toujours son Premier ministre
AFP
26.8.2024
Toujours pas de fumée blanche pour Matignon. Les consultations menées par Emmanuel Macron pour former un gouvernement se sont achevées lundi sans dénouement sept semaines après les législatives qui ont plongé le pays dans l'impasse politique, les partis continuant à camper sur leurs positions.
AFP
26.08.2024, 19:25
Marc Schaller
Même l'éventuelle organisation d'une deuxième vague de discussions, évoquée par le chef de l'Etat dans certains entretiens, divise la classe politique.
Le Nouveau Front populaire (NFP) a ainsi prévenu, dans un communiqué commun des formations qui composent l'alliance de gauche, qu'il ne retournerait à l'Elysée que pour discuter avec le président «des modalités d'une cohabitation» avec un gouvernement dirigé par Lucie Castets, sa candidate pour le poste de Première ministre.
La gauche a remporté le plus de députés à l'Assemblée nationale les 30 juin et 7 juillet, mais loin de la majorité absolue. Depuis, elle réclame de gouverner sur son programme et a encore accusé lundi le président de «tergiverser».
Mais le parti présidentiel Renaissance a confirmé lundi sa fin de non recevoir. «Si nous sommes prêts à des compromis, nous continuons à nous opposer de toutes nos forces à l'application unilatérale du seul projet de LFI et du NFP», pour lequel «la censure serait inévitable», a écrit Gabriel Attal dans une lettre aux députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR), qu'il dirige tout en étant Premier ministre démissionnaire.
«Tentative de coup de force»
L'initiative de Jean-Luc Mélenchon, qui a ouvert la porte à un gouvernement du NFP sans ministres de La France insoumise, n'y change rien car ce n'est qu'un «simulacre d'ouverture» et une «tentative de coup de force», a-t-il ajouté.
Sa position rejoint celle des autres alliés du camp présidentiel, de la droite et du Rassemblement national en faveur d'une censure immédiate de tout gouvernement de l'alliance de gauche.
Après avoir reçu les représentants de la gauche, de la Macronie et des Républicains vendredi, Emmanuel Macron a accueilli lundi les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, ainsi que les chefs de l'extrême droite.
Marine Le Pen et Jordan Bardella sont sortis à la mi-journée dans les jardins du palais présidentiel pour réaffirmer devant la presse leur intention de censurer «un probable gouvernement du Nouveau Front populaire».
Et ce, même sans ministre insoumis: «ça ne change strictement rien», a tranché la cheffe des députés RN, qui a réclamé l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement en septembre pour «que l'Assemblée nationale puisse être en situation d'opérer une censure si c'est nécessaire».
Dans la foulée, leur allié Eric Ciotti s'est dit sur la même longueur d'ondes.
Ces consultations étaient censées déboucher sur la nomination d'un nouveau Premier ministre. Choix devenu urgent alors que Gabriel Attal gère les affaires courantes à Matignon depuis déjà 41 jours, du jamais-vu depuis l'après-guerre.
Prise de parole?
Le chef de l'Etat va-t-il jouer les prolongations? La désignation d'un Premier ministre, espérée initialement vers mardi, n'est «pas exclue» cette semaine, mais pas garantie non plus, glisse désormais un conseiller de l'exécutif.
«Manifestement», elle «n'est pas imminente», a ironisé M. Ciotti, selon lequel le président a émis la possibilité d'une deuxième vague de consultations.
D'ici là, une prise de parole d'Emmanuel Macron est «nécessaire», a estimé le patron du MoDem François Bayrou dimanche sur LCI. Mais une expression présidentielle lundi soir, bien qu'évoquée par plusieurs sources, n'a toujours pas été confirmée.
Pour François Bayrou, l'opposition à un gouvernement NFP est justifiée «principalement en raison du programme», qui est «dangereux pour le pays».
«C'est un programme qui, s'il était mis en oeuvre, provoquerait une crise», a également prédit le chef des députés Horizons, Laurent Marcangeli.
Ligne rouge qui vire à l'écarlate pour Laurent Wauquiez: le patron des députés Droite républicaine a réaffirmé dimanche sa volonté de «faire barrage» à LFI, de son point de vue «sans doute le plus grand danger politique pour notre pays».
Le compte-à-rebours s'accélère pour installer un gouvernement qui sera chargé de présenter un budget avant le 1er octobre.
Le temps est ainsi compté pour le chef de l'Etat, qui doit par ailleurs participer mercredi à la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques, avant de s'envoler pour une visite en Serbie jeudi et vendredi. Au risque de retarder encore sa décision.