Emmanuel Macron a démenti mercredi lors du conseil des ministres "toute crise politique". Il s'est exprimé quelques heures après avoir accepté la démission de Gérard Collomb à l'issue d'un bras de fer inédit de deux jours entre le ministre de l'Intérieur et l'Elysée.
Le chef de l'Etat a "souligné que c'était un choix qui appartenait à Gérard Collomb, il a rappelé aux membres du gouvernement les liens personnels entre lui-même et Gérard Collomb", a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, lors du compte rendu du conseil des ministres.
"Force était de constater que Gérard Collomb s'était tourné vers Lyon et vers les Lyonnais et ce faisant il s'était placé lui-même dans la position de démissionner", a-t-il ajouté. "Le président de la République a rappelé qu'être ministre ce n'est pas une charge dont nous serions dépositaires, que chacun doit être pleinement concentré à sa tâche car les Français le méritent."
Emmanuel Macron "a souligné que rien de ce qui se passe depuis 48 heures ne s'apparente à une crise politique, l'Etat fonctionne, les transformations sont engagées, le gouvernement est parfaitement à sa tâche", a dit Benjamin Griveaux. "Il a appelé chaque membre du gouvernement à savoir s'élever au-dessus des intérêts particuliers".
Passation glaciale
La passation de pouvoir entre Gérard Collomb et le Premier ministre Edouard Philippe s'est déroulée dans une ambiance glaciale mercredi matin place Beauvau. Le chef du gouvernement, appelé à assurer l'intérim, et Gérard Collomb ont prononcé quelques mots, quasiment sans échanger un regard, devant les membres du ministère réunis dans la cour du ministère de l'Intérieur.
Le ministre démissionnaire et candidat aux municipales à Lyon, qui avait indiqué dans un premier temps vouloir rester à son poste jusqu'au printemps avant de finalement présenter sa démission par deux fois en début de semaine, a confié "quitter à regret" ce "très grand ministère".
"J'ai beaucoup aimé travailler avec l'ensemble des agents de ce ministère", a-t-il dit, aux côtés d'un Edouard Philippe au visage fermé. "Lorsque je suis arrivé, les choses n'étaient pas forcément faciles et on avait connu quelque temps avant une révolte de la police. Je crois qu'aujourd'hui je quitte à la fois un ministère apaisé et un ministère qui a su donner une impulsion et un certain nombre de réformes, mais il en reste bien d'autres à pouvoir réaliser", s'est-il félicité.
Mais il avait aussi un "un message à faire passer" à son successeur, à qui il a dressé un tableau sombre de certains quartiers, particulièrement à la périphérie de Marseille et Toulouse ainsi qu'en banlieue parisienne. "La situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens", a-t-il déclaré. "Aujourd'hui, c'est plutôt la loi du plus fort qui s'impose, des narco-trafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République."
Dans une brève prise de parole, Edouard Philippe a de son côté "remercié" Gérard Collomb "des seize mois de travail" à la "tête d'un ministère exigeant avec des missions délicates et essentielles".
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