Les négociations continuent«Emmanuel Macron est au pied du mur»
bu
23.6.2022 - 14:51
Le président français Emmanuel Macron a entamé jeudi une séquence internationale après avoir demandé aux partis d'opposition de «clarifier» leurs positions afin de tenter de sortir de l'impasse après les législatives qui ont privé son camp de majorité absolue.
Keystone-SDA, bu
23.06.2022, 14:51
ATS
En pleine crise politique en France, le président Macron est contraint de s'éloigner 48 heures de Paris pour participer à un sommet de l'Union européenne (UE) jeudi et vendredi marquant la fin de la présidence française. Il doit aussi se déplacer à nouveau à partir de dimanche pour des sommets du G7 en Allemagne et de l'Otan en Espagne.
Ce n'est pas la première fois. Le président français avait déjà été pris à partie pour s'être rendu mi-juin en Europe de l'Est en pleine campagne du second tour des législatives et en prononçant un discours mal perçu juste avant de s'envoler.
Pas un ultimatum
Mais l'exécutif a rejeté toute idée d'ultimatum lancé à l'opposition. «Il n'y a ni ultimatum ni question de 48 heures», a affirmé jeudi matin la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, niant que le chef de l'Etat ait mis la pression sur l'opposition.
«L'ultimatum c'est la fin. Là, il ouvre le début des négociations, le début du consensus et des compromis. On parle de plusieurs jours, peut-être même de plusieurs semaines», a-t-elle insisté.
Quatre jours après le second tour des élections législatives, la France reste plongée dans l'incertitude, le président Macron, réélu en avril, ayant perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui pose la question de sa capacité à mener son projet de réformes.
Sa coalition centriste libérale, sur laquelle il s'était appuyé pendant son premier mandat de cinq ans, ne conserve que 245 sièges sur 577, loin de la majorité absolue de 289. L'alliance de gauche avec 150 députés environ et l'extrême droite (89) ont fait une percée massive dans l'hémicycle, la droite classique disposant elle de 61 députés du parti Les Républicains (LR).
Une situation qui rebat les cartes dans un pays peu habitué aux coalitions de gouvernement, contrairement à la pratique d'autres pays européens comme l'Allemagne.
Lors d'une courte allocution aux Français mercredi soir, le chef de l'Etat a pris acte des «fractures» révélées par le résultat des législatives et assuré vouloir «bâtir des compromis» avec ses opposants, les pressant de «clarifier» leur positionnement et semblant fixer un délai d'ici vendredi soir.
Il a reconnu la nécessité «d'apprendre à gouverner et légiférer différemment», usant de nombreuses fois du mot «compromis». Car «aucune force politique ne peut aujourd'hui faire les lois seule», un «fait nouveau», a déclaré le président.
«J'entends et je suis décidé à prendre en compte la volonté de changement que le pays a clairement demandée», a-t-il dit en évoquant deux scénarios, des accords au cas par cas sur les textes législatifs ou une coalition plus large. Il a également rejeté la formation d'un gouvernement d'union nationale, idée largement écartée à ce stade.
«Premiers pas»
Mais les oppositions ont fustigé son intervention et refusé toute coalition de gouvernement, l'enjoignant, comme la députée socialiste Valérie Rabault, de «faire le premier pas» et proposer des mesures «très claires» pour les Français qui seront débattues au Parlement «au cas par cas». «C'est lui qui est au pied du mur, pas nous», a-t-elle dit jeudi sur une radio.
Même tonalité chez l'opposition de droite. Une coalition, «bien sûr que c'est non: nos députés ont été élus avec un mandat clair par leurs électeurs», qui est de «siéger dans l'opposition», a estimé le sénateur LR Bruno Retailleau.
L'appel du président Macron semble viser essentiellement la droite et la gauche modérées, un rapprochement plus large avec l'extrême droite de Marine Le Pen ou la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon étant écarté des deux côtés.
«Ce n'est pas au programme non plus», a coupé court la porte-parole du gouvernement d'Elisabeth Borne, la Première ministre qui se retrouve pour sa part fragilisée. Pour le président Macron, c'est un peu le retour du bâton, lui qui est accusé d'avoir eu une gestion verticale du pouvoir dans une France de plus en plus fracturée.
L'allocution du président Emmanuel Macron mercredi soir, où il s'exprimait pour la première fois depuis la perte de sa majorité absolue aux élections législatives, a réuni 15,5 millions de téléspectateurs toutes chaines confondues, a indiqué jeudi Médiamétrie.
Ce cumul de 15,5 millions de téléspectateurs (qui ont suivi l'allocution sur TF1, France 2, M6, TMC et les chaînes d'information en continu BFMTV, CNews, LCI et franceinfo) correspond à un chiffre de 82,6% de part d'audience, selon Médiamétrie.