France Macron nomme un nouveau gouvernement, une ambassadrice à la diplomatie

ATS

20.5.2022 - 16:43

Le président français Emmanuel Macron a nommé vendredi une diplomate chevronnée, Catherine Colonna, à la tête du ministère des Affaires étrangères. Il fait entrer au gouvernement des personnalités de la société civile, à trois semaines de la bataille des législatives.

Le futur gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne a été annoncé vendredi.
Le futur gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne a été annoncé vendredi.
ATS

Keystone-SDA

Diplomate de carrière, Mme Colonna, 66 ans, est l'actuelle ambassadrice de France à Londres.

Parmi les autres membres du gouvernement dirigé par la Première ministre Elisabeth Borne, un fidèle soutien de M. Macron, Sébastien Lecornu, remplace Florence Parly au ministère des Armées. M. Lecornu faisait déjà partie du précédent gouvernement au poste des Outre-mer.

L'annonce surprise est venue de la nomination à l'Education de Pap Ndiaye, qui dirigeait jusqu'ici le Musée national de l'histoire de l'immigration.

Cet intellectuel universitaire de 56 ans, né en France d'un père sénégalais et d'une mère française, est spécialiste de l'histoire sociale des États-Unis et des minorités. Il est le frère de l'écrivaine à succès Marie Ndiaye. Il succède à ce poste traditionnellement très exposé et traversé par de vives tensions sociales à Jean-Michel Blanquer.

Critiques de l'extrême-droite

La nomination de Pap Ndiaye a suscité les foudres de l'extrême droite. Marine Le Pen, battue au deuxième tour de la présidentielle, a dénoncé la nomination d'un «indigéniste assumé», signe selon elle «de la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir». «Emmanuel Macron avait dit qu'il fallait déconstruire l'Histoire de France. Pap Ndiaye va s'en charger», a renchéri l'ancien candidat Eric Zemmour.

Autre nouvelle promue au gouvernement, Rima Abdul Malak, une conseillère franco-libanaise d'Emmanuel Macron, a été nommée ministre de la Culture. Une ascension remarquable pour cette quadragénaire spécialiste du spectacle vivant: elle a passé les dix premières années de sa vie à Beyrouth en pleine guerre civile, avant d'arriver à Lyon (centre-est) avec ses parents, son frère et sa soeur.

Le nouveau gouvernement, paritaire, avec 14 femmes (dont la Première ministre) et 14 hommes, comprend aussi plusieurs poids lourds qui ont été reconduits dont Bruno Le Maire à l'Economie, Gérard Darmanin à l'Intérieur ou Eric Dupond-Moretti à la Justice. Un transfuge de la droite, Damien Abad, ex-patron des députés du parti Les Républicains, a été nommé au ministère de la Solidarité.

Bataille des législatives

Formé plus de trois semaines après la réélection d'Emmanuel Macron le 24 avril, ce gouvernement devra mener la bataille des législatives des 12 et 19 juin au cours desquelles le parti présidentiel tentera d'obtenir une nouvelle fois une majorité à l'Assemblée nationale.

Le premier Conseil des ministres se tiendra lundi autour du président, un centriste libéral qui poursuit une vaste recomposition du paysage politique français.

Le nouvel exécutif va être confronté à un agenda national et international particulièrement chargé et difficile avec la guerre en Ukraine, une inflation inédite depuis l'introduction de l'euro et une croissance en berne.

«Maltraitance»

Dans l'opposition, le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, qui avait obtenu 22% des voix à la présidentielle, a dénoncé «un gouvernement bien libéral». «Sous les apparences ternes et grises, sans audace, on y retrouve les principales figures de la maltraitance sociale et de l'irresponsabilité écologique du précédent gouvernement», a-t-il dit.

En nommant lundi Elisabeth Borne, technocrate issue de la gauche et plusieurs fois ministre, le chef de l'Etat a joué la continuité tout en s'efforçant d'envoyer un message à la gauche réformiste sans pour autant effrayer l'opposition de droite.

Mme Borne, 61 ans, a été successivement ministre des Transports, de l'Écologie et du Travail pendant le premier quinquennat de M. Macron, une des rares à siéger au gouvernement depuis le début de sa présidence en 2017.

Le chef de l'Etat a promis, pour ce second mandat, de répondre à la colère exprimée par de nombreux Français pendant le mouvement populaire des «gilets jaunes» et, plus récemment, lors de la présidentielle, et de changer de méthode.

Le contexte est tendu: selon un récent sondage de l'institut Ifop, une large majorité de Français (77%) dit craindre une explosion sociale dans les prochains mois.