Emmanuel Macron a endossé lundi quasiment toutes les propositions des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). Les écologistes, grands vainqueurs des municipales, restent cependant circonspects face à l'engagement du président français.
«On doit remettre l'ambition écologique au coeur du modèle productif», a affirmé le chef de l'Etat face à ces 150 Français rassemblés dans le parc verdoyant du palais présidentiel. Mais «je crois à la croissance de notre économie», a-t-il ajouté, en se félicitant que la CCC ne prône pas un modèle de décroissance, comme certains écologistes.
Emmanuel Macron s'est engagé à transmettre au gouvernement ou au parlement, ou encore soumettre à référendum, «la totalité» des 149 propositions de la CCC, «à l'exception de trois d'entre elles». Certaines seront décidées dès la fin juillet, d'autres intégrées au plan de relance présenté «à la fin de l'été», mais la plupart feront l'objet d'un «projet de loi spécifique» multi-mesures en septembre, a-t-il précisé.
Avant son discours, Emmanuel Macron avait été appelé par Lambert, l'un des 150 membres dont certains ne s'identifient que par leur prénom, à «être fidèle aux engagements» pris devant la CCC, lancée il y a neuf mois à la suite du «grand débat» et la crise des «gilets jaunes». «C'est la fin de la saison 1 (de la Convention), la saison 2 commence», résumait un autre, Grégoire Fraty, avant la rencontre.
Sous pression
La pression à agir s'est encore accentuée sur l'exécutif avec le choc provoqué par les victoires des écologistes dans plusieurs grandes villes comme Lyon, Bordeaux et Strasbourg dimanche, au second tour des municipales.
S'exprimant devant plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre Edouard Philippe, facilement réélu la veille au Havre, Emmanuel Macron n'a cependant fait aucune allusion à cette vague verte qui constitue, selon l'Elysée, un «baromètre de l'état d'esprit des Français».
Les 110 km/h rejetés
Prudent, il a écarté la proposition la plus commentée et controversée de la Convention: la limitation à 110 km/h, au lieu de 130 km/h actuellement, sur autoroutes.
«La transition écologique ne doit pas se faire au détriment des communes, des régions les plus enclavées», a-t-il plaidé, expliquant aussi vouloir éviter que les travaux des 150 ne «s'abîment dans une polémique». «J'ai présenté beaucoup de grands plans qui se sont trouvés résumés à une seule mesure ou réduits à une petite phrase», a-t-il lancé avec un grand sourire.
En revanche, le chef de l'Etat n'a pas repris la proposition de la Convention de réécrire le préambule de la Constitution en plaçant l'environnement au-dessus des autres valeurs fondamentales de la République.
Quinze milliards d'euros
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé que 15 milliards d'euros supplémentaires seraient injectés sur deux ans pour la conversion écologique. Ce fonds sera mis en place dans le plan de relance, attendu à la rentrée, pour «investir dans les transports propres, rénover nos bâtiments» et «inventer les industries de demain». Parmi les autres annonces, le principe d'un moratoire sur les nouvelles zones commerciales dans la périphérie des villes pour stopper «la bétonisation».
Emmanuel Macron a écarté la taxe de 4% sur les dividendes et a souligné qu'il fallait continuer à «évaluer» l'accord commercial UE-Canada (Ceta), dont les 150 avaient réclamé qu'il ne soit pas ratifié. Il a enfin indiqué que de nouvelles conventions citoyennes seraient organisées sur «d'autres sujets».
De leur côté les ONG environnementales se sont montrées critiques, à l'image de Greenpeace pour qui M. Macron «balaie immédiatement plusieurs mesures structurantes» (taxation des dividendes, Ceta) et reste «flou sur les suites concrètes qui seront données aux autres mesures». Ou des Amis de la Terre, pour qui «la vague verte s'arrête aux pieds du néolibéralisme».
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