République tchèque Manif à Prague contre une ministre

ATS

13.5.2019 - 21:47

Pour la troisième semaine consécutive, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue à Prague pour protester contre la nouvelle ministre controversée de la Justice (archives).
Pour la troisième semaine consécutive, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue à Prague pour protester contre la nouvelle ministre controversée de la Justice (archives).
Source: KEYSTONE/AP/PETR DAVID JOSEK

Des milliers de Tchèques ont de nouveau manifesté lundi à Prague contre la nouvelle ministre controversée de la Justice. Cette dernière pourrait, selon eux, freiner les poursuites judiciaires contre le Premier ministre Andrej Babis, inculpé pour fraude présumée.

Environ 20'000 personnes se sont rassemblées sur la place de la Vieille Ville, dans le centre historique de la capitale, pour la troisième semaine consécutive, selon les médias tchèques. Des milliers d'autres se sont réunies à Brno, la deuxième ville du pays.

Ex membre du parti social-démocrate CSSD et aujourd'hui sans étiquette, Marie Benesova a été nommée le 30 avril ministre de la Justice par le président Milos Zeman, dont elle était une collaboratrice de longue date. M. Zeman est favorable à M. Babis, un milliardaire à la tête de la deuxième fortune du pays selon Forbes.

«Conflit d'intérêts du Premier ministre»

Les manifestants ont donné des coups de sifflet et fait sonner des cloches, tout en lançant les slogans «Démissionnez» et «Honte». «Je n'accepte que des gens comme Benesova occupent une fonction publique. Et je n'apprécie pas le conflit d'intérêts du Premier ministre et son arrogance», a témoigné Filip Chmel, un jeune ingénieur à vélo portant une pancarte «Justice».

Déjà ministre de la Justice en 2013-2014 et procureure générale en 1999-2005, Mme Benesova, 71 ans, a succédé à Jan Knezinek, démissionnaire à la mi-avril. Peu avant sa démission, la police avait recommandé la mise en accusation de M. Babis dans une affaire de détournement présumé de deux millions d'euros de fonds européens remontant à 2007-2008, liée à son complexe hôtelier «Nid de Cigogne» près de Prague.

M. Babis, qui encourt une peine allant de cinq à dix ans de prison, rejette les accusations et dénonce ce qui est selon lui un «complot» et une «campagne politique». Le milliardaire de 64 ans est le fondateur du géant agroalimentaire Agrofert, qui contrôle aussi deux grands quotidiens du pays.

Son mouvement populiste ANO, qui a remporté les législatives d'octobre 2017, détient 78 des 200 sièges au sein de la chambre basse. Composé d'ANO et du parti social-démocrate CSSD, le gouvernement minoritaire de M. Babis est soutenu par les communistes. Selon les sondages d'opinion, son parti ANO bénéficie du soutien de 30% des électeurs.

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