Pour le 21e samedi consécutif, les «gilets jaunes» ont manifesté à travers la France, sans incidents majeurs. La mobilisation a toutefois été la plus faible enregistrée depuis le début du mouvement le 17 novembre, selon le ministère de l'Intérieur.
Les manifestations n'ont rassemblé que 22'300 personnes en France, dont 3500 à Paris, alors qu'ils étaient 33'700 la semaine dernière (4000 à Paris) et 282'000 le 17 novembre, selon les chiffres du ministère. Ces chiffres sont régulièrement contestés par le mouvement. Ce recul apparent intervient alors que le gouvernement a prévu de faire la semaine prochaine le compte-rendu du «grand débat» destiné à apaiser leur colère, avant des mesures attendues mi-avril.
«Macron, dégage pour de bon!«, ont crié un millier de «gilets jaunes» manifestant à Rouen, prenant à nouveau pour cible le président Emmanuel Macron, dont les «gilets» critiquent la politique fiscale et sociale. Des échauffourées ont éclaté dans cette ville entre les forces de l'ordre et des manifestants encagoulés.
«Macron destitution», pouvait-on lire sur une pancarte brandie à Paris où les interdictions de manifester, prises après les violences du 16 mars, ont été reconduites, en particulier sur les Champs-Elysées. Quelque 1500 «ultra violents», selon le gouvernement, y avaient saccagé commerces et restaurants.
Loi anticasseurs
Les scènes d'émeutes urbaines survenues mi-mars notamment, dont les vidéos avaient été largement diffusées, ont écorné l'image de la France, première destination touristique dans le monde.
Ce nouveau samedi de manifestation intervient trois jours après le rejet par le Conseil Constitutionnel de l'article-phare de la loi anticasseurs, voulue par les autorités pour lutter contre les «débordements» lors des manifestations de «gilets jaunes». Cet article devait permettre de prononcer des interdictions administratives de manifester contre toute personne présentant une «menace d'une particulière gravité pour l'ordre public».
Le Conseil constitutionnel a cependant approuvé deux autres points de la loi anticasseurs: les fouilles de sacs et de véhicules aux abords des cortèges et la création du délit de dissimulation volontaire du visage. Ces mesures ne s'appliqueront pas samedi, faute de décret d'application publié au Journal officiel.
Environ 10'000 réunions locales
Les «gilets» veulent continuer à maintenir la pression sur les autorités, alors que le gouvernement doit la semaine prochaine faire le compte-rendu du «grand débat national». Voulu par Emmanuel Macron pour répondre à la crise, la pire depuis le début de son mandat en 2017, le «GDN» a permis, pendant plus de deux mois, de faire remonter les doléances des citoyens, mais sans apaiser la colère des «gilets».
Quelque 10'000 réunions locales ont été tenues, 16'000 cahiers de doléances ouverts dans les mairies et des centaines de milliers de propositions citoyennes déposées. Lundi matin à Paris, une «restitution» du «grand débat» sera organisée en présence du gouvernement, de responsables administratifs et de simples citoyens. Une synthèse des doléances de 1500 pages environ a été établie.
Pour l'heure, on ne connaît que quelques réponses «fermées» des questionnaires disponibles sur le site internet du grand débat, où le oui l'a quasi systématiquement emporté, par exemple pour le vote blanc (82%), moins d'élus hors parlementaires (71%), ou encore l'extension du référendum d'initiative partagée (66%), selon les données exploitées par l'AFP.
Mardi et mercredi, deux débats sans vote seront organisés au parlement en présence du premier ministre Edouard Philippe. L'Elysée a confirmé que le chef de l'Etat annoncerait des premières mesures à la mi-avril, probablement avant Pâques. Puis, selon son entourage, il pourrait égrener des décisions jusqu'à l'été, enjambant les européennes du 26 mai.
Il devra affronter le scepticisme de l'opinion: selon un sondage Elabe publié jeudi, 68% des Français estiment que les points de vue exprimés ne seront pas pris en compte, et 79% que le grand débat ne résoudra pas la crise politique actuelle.
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