RDCSécurité renforcée devant des ambassades à Kinshasa
ATS
12.2.2024 - 12:29
La RDC a renforcé lundi la sécurité devant des ambassades et installations de l'ONU à Kinshasa. Celles-ci sont les cibles de manifestations contre un supposé soutien de l'Occident à la rébellion du M23, soutenue par Kigali et active dans l'est du pays.
Keystone-SDA
12.02.2024, 12:29
12.02.2024, 12:34
ATS
«Le gouvernement a décidé de renforcer le dispositif de sécurité dans les différentes ambassades ainsi que dans les installations de la Monusco» (Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), a-t-il annoncé dimanche soir dans un communiqué, après une «réunion urgente de sécurité» autour du ministre de l'Intérieur.
Samedi, des véhicules d'ambassades et de l'ONU ont été attaqués par des manifestants. «Plusieurs de nos véhicules ont été incendiés», avait indiqué sur X la cheffe de la Monusco, Bintou Keita.
La veille, quelques dizaines de jeunes avaient manifesté notamment devant les ambassades de France et de Grande-Bretagne et, plus tôt dans la semaine, devant celle des Etats-Unis.
«Le gouvernement condamne énergiquement ces actes de violence totalement injustifiés», ajoute le communiqué officiel, en annonçant l'ouverture d'une enquête.
Nouvelles marches
Lundi matin, des journalistes de l'AFP ont constaté sur plusieurs sites ce renforcement du dispositif policier, tandis que de nouvelles marches réunissaient des dizaines de jeunes, qui ont brûlé des pneus sur la chaussée. Par mesure de précaution, des écoles étrangères sont fermées lundi matin, de même que de nombreux magasins du centre de Kinshasa.
«C'est eux qui tuent en RDC, il faut que les Occidentaux en général quittent notre sol», a déclaré à l'AFP à proximité de l'ambassade des Etats-Unis un jeune manifestant, prénommé Gédéon, brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire, en français et en anglais: «Paul Kagame (le président rwandais, ndlr) ami aux occidentaux qui tuent à l'est de la RDC».
Des pneus ont aussi été brûlés non loin du quartier général de la Monusco par des manifestants, qui ont été dispersés par les forces de l'ordre.
Missile sol-air
La province du Nord-Kivu, dans l'Est, est le théâtre depuis plus de deux ans d'une rébellion menée par le M23 ("Mouvement du 23 mars") qui, avec le soutien d'unités de l'armée rwandaise, s'est emparé de vastes pans de territoire. Les combats se sont intensifiés récemment autour de Goma, la capitale provinciale.
Selon un document interne de l'ONU consulté lundi par l'AFP, des éléments de l'armée rwandaise soutenant la rébellion ont tiré récemment au moins un missile sol-air.
Selon ce document, un «missile sol-air présumé des Forces de défense rwandaise (RDF)» a visé mardi dernier, sans l'atteindre, un drone d'observation de l'ONU et aurait été tiré depuis un véhicule blindé dans une zone contrôlée par le M23, précise ce document confidentiel.
«Les renseignements militaires extérieurs français confirment que le véhicule blindé de type WZ551, équipé d'un système de missile sol-air, est rwandais», ajoute-t-il.
Nouveaux moyens anti-aériens
La Monusco (Mission de l'ONU en RDC) indique dans le document ne pas connaître «de groupes armés possédant l'entraînement ou les ressources nécessaires pour opérer et maintenir un système de missiles sol-air mobile» et pointe une «escalade des forces conventionnelles engagées dans le conflit dans l'Est de la RDC».
Ni l'ONU, ni les FARDC (Forces armées de la RDC), n'ont communiqué jusqu'à présent sur cet incident. Le document précise que de nombreux types d'armes ont été utilisés par «les M23 et l'armée rwandaise» contre des appareils volants et qu'ils sont également en possession de canons anti-aériens et de systèmes portatifs de défense aérienne de type MANPADS.
Les auteurs du document estiment que les nouveaux moyens anti-aériens utilisés par le M23 et l'armée rwandaise «constituent une menace à haut risque pour tous les aéronefs du gouvernement de la RDC et de la Monusco dans la région».
Fin janvier, dans une vidéo diffusée sur une chaîne YouTube pro-M23, Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a menacé la Monusco de représailles et l'a accusée de «fournir des informations» aux «ennemis» des rebelles en renseignant, à l'aide de drones, l'armée congolaise sur leurs activités.
Le 17 janvier, la rébellion avait annoncé que deux de ses commandants avaient été tués dans une attaque qui, selon des sources sécuritaires, avait été menée par un drone à Kitshanga, à une cinquantaine de km au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.