Droits humains Manifs: ONU contre la reconnaissance faciale

ATS

25.6.2020 - 15:04

La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet souhaite un moratoire sur le recours à la reconnaissance faciale dans les manifestations (archives).
La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet souhaite un moratoire sur le recours à la reconnaissance faciale dans les manifestations (archives).
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Les nouvelles technologies ne doivent pas entraver le droit de manifester, selon l'ONU. Elle a appelé jeudi à Genève à un moratoire sur la reconnaissance faciale dans ces protestations.

Selon un rapport publié par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, plus de 60 coupures d'Internet décidées par des Etats ont empêché des manifestations en ligne et physiques. Elles ont également provoqué un impact économique «significatif». «Les nouvelles technologies peuvent être utilisées pour mobiliser et organiser des protestations pacifiques» et faciliter des changements sociaux, relève la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet.

«Mais, comme nous l'avons vu, elles peuvent être, et ont été, un recours pour restreindre et enfreindre les droits des manifestants, pour les surveiller et les tracer et pour interférer dans leur vie privée». Une situation observée «dans de nombreux pays», déplore l'ONU. Selon la Haute commissaire, il est «crucial» que les Etats garantissent que le plus grand nombre possible de citoyens puissent avoir accès à un Internet «sûr» et «abordable».

Le rapport alerte surtout sur la reconnaissance faciale. Devant le Conseil des droits de l'homme, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait déjà mentionné les menaces de cette technologie pour les droits de l'homme. De nombreuses personnes renoncent à manifester en public «lorsqu'elles sentent qu'elles pourraient être identifiées et subir des conséquences négatives», dit le rapport. Et l'ONU estime que cette situation pourrait étendre les discriminations contre les Afro-Américains et d'autres minorités.

Elle appelle à ne pas enregistrer les participants sauf si les autorités ont des indications sur de possibles activités criminelles. Elle souhaite un moratoire tant que des garanties sur les droits de l'homme ne sont pas obtenues, notamment sur la surveillance de l'utilisation ou la protection des données.

Les entreprises privées ont une responsabilité sur leurs technologies, dit également le rapport. La Haute commissaire demande aussi à ce que le recours aux nouveaux dispositifs comme les tasers ou les drones soient surveillés et appliqués avec proportionnalité. Ceux-ci «peuvent tuer s'ils sont mal utilisés», dit-elle. Elle veut que les responsables de violations soient poursuivis.

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