Paris Marche contre l'antisémitisme: Macron présent par la «pensée»

hl

11.11.2023 - 17:09

Après avoir longuement hésité, Emmanuel Macron ne sera finalement présent que «par la pensée» à la «grande marche civique» dimanche à Paris contre l'antisémitisme, à propos de laquelle il a dénoncé «beaucoup de confusion» et de «récupération» politiques.

Emmanuel Macron dira des mots aux Français à l'occasion d'une expression sur l'antisémitisme qui aura lieu avant la marche de dimanche, a confirmé l'Elysée, sans en préciser la forme (image d'archives).
Emmanuel Macron dira des mots aux Français à l'occasion d'une expression sur l'antisémitisme qui aura lieu avant la marche de dimanche, a confirmé l'Elysée, sans en préciser la forme (image d'archives).
KEYSTONE

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«Je serai par le coeur et par la pensée» à cette marche qui vise à «bâtir l'unité du pays» face à la recrudescence des actes antisémites, a-t-il affirmé, après un dépôt de gerbe au pied de la statue de Georges Clémenceau, défenseur du capitaine juif Alfred Dreyfus et «père de la victoire» de la Première Guerre mondiale, en marge des commémorations du 105e anniversaire de l'Armistice de 1918.

Le président répondait à une femme se présentant comme une arrière-petite-fille du capitaine Dreyfus et qui lui disait être «déçue» par son absence à la manifestation.

«Je n'ai jamais été à une manifestation quelle qu'elle soit», a justifié le président. «Mon rôle est plutôt de bâtir l'unité du pays et d'être ferme sur les valeurs», de «prendre des décisions, de dire des mots quand il faut les dire et d'agir, sinon je peux manifester toutes les semaines».

Emmanuel Macron dira des mots aux Français à l'occasion d'une expression sur l'antisémitisme qui aura lieu avant la marche de dimanche, a confirmé l'Elysée, sans en préciser la forme.

Près de 1250 actes antisémites ont été recensés dans le pays selon les autorités depuis le début de la guerre déclenchée par les massacres du Hamas en Israël, le 7 octobre.

«Confusion» et «récupération»

«Sur l'antisémitisme, c'est très simple on ne concédera rien et rien ne le justifie», a souligné le président de la République, en défendant une approche «universaliste» face à l'antisémitisme, voyant «beaucoup de confusion» et «de récupération» à ce sujet.

Il faisait allusion à l'absence à cette marche de la France insoumise (gauche radicale), dont le leader Jean-Luc Mélenchon a été accusé d'ambiguité sur l'antisémitisme, et à la présence du Rassemblement national (extrême droite), qui suscite l'embarras à gauche et dans la majorité, d'autant plus que son président Jordan Bardella a récemment affirmé que son cofondateur Jean-Marie Le Pen n'était «pas antisémite» malgré ses condamnations en justice.

Visant l'extrême droite, Emmanuel Macron avait mis en garde, plus tôt dans la semaine, contre tout amalgame entre «le rejet des musulmans et le soutien des juifs».

Pour Marine Le Pen, la marche devrait «rassembler» les Français autour de «deux choses: nous n'acceptons pas l'antisémitisme qui frappe nos compatriotes de confession juive (...) et nous combattrons le fondamentalisme islamiste qui est une idéologie totalitaire».

Le président des Républicains Eric Ciotti a demandé dans un communiqué à Emmanuel Macron de «clarifier les motifs» qui l'ont conduit à ne pas venir dimanche. Face à la multiplication des actes antisémites «l'équilibrisme précaire du 'en-même-temps' n'est définitivement plus praticable», déplore-t-il.

«Pour la République, contre l'antisémitisme»: c'est derrière cette banderole que les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher mèneront le cortège parisien, qui reliera le palais Bourbon et celui du Luxembourg, à partir de 15h00, au départ de l'esplanade des Invalides.

«Les polémiques inutiles doivent cesser», ont demandé Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher jeudi, mettant en avant «une démarche individuelle, apartisane et citoyenne».

Important dispositif sécuritaire

D'autres rassemblements sont prévus dans plusieurs villes de France.

Le carré de tête à Paris réunira des personnalités «incarnant» la République, mais «pas de chefs de parti», selon l'entourage de Mme Braun-Pivet, au premier rang desquels la première ministre Elisabeth Borne, dont le père de confession juive a été déporté, les ex-présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que d'anciens chefs de gouvernement.

Un important dispositif de sécurité sera déployé avec «plus de 3000 policiers et gendarmes» ainsi que «des unités d'élite mobilisées», a souligné vendredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Cette marche, sans prise de parole ni estrade prévue, se veut «un cri des consciences pour déclarer à la face du monde que la République française ne laisse pas, et jamais ne laissera, prospérer» l'antisémitisme, selon les présidents des deux chambres.