Crise migratoire Maroc: la migrante tuée était sous une bâche

ATS

29.9.2018 - 21:08

Le taux de chômage élevé chez les jeunes Marocains pousse ces derniers à tenter la traversée de la Méditerranée dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe (image symbolique).
Le taux de chômage élevé chez les jeunes Marocains pousse ces derniers à tenter la traversée de la Méditerranée dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe (image symbolique).
Source: KEYSTONE/EPA/CESARE ABBATE

Les migrants marocains touchés mardi en mer par des tirs des gardes-côtes étaient "dissimulés sous une bâche", a affirmé samedi une source militaire. Cette dernière assure qu'il s'agit d'un "incident regrettable".

Le décès d'une étudiante de 22 ans ayant succombé à ses blessures après avoir été touchée par ces tirs a suscité une émotion très vive au Maroc. Trois autres passagers, âgés de 20 à 30 ans, ont également été blessés au cours de l'opération menée en Méditerranée, au large de Fnideq (nord).

Repéré par un bateau de surveillance, le "go-fast" (puissante embarcation à moteur) "a adopté une "attitude hostile". Il a opéré "des manoeuvres dangereuses qui allaient provoquer une collision évitée de justesse", a indiqué la source militaire.

Selon elle, les manoeuvres de cette embarcation "non identifiée" l'ont placée "dans le champ de tir" du bateau de surveillance marocain. Deux gardes-côtes ont tiré, car "les 'go-fast' sont utilisés pour le trafic de drogue" et parce qu'ils n'ont pas vu "les clandestins dissimulés sous une bâche". Il s'agit d'un "incident regrettable", a déclaré la source militaire.

Indemne, le pilote de l'embarcation, de nationalité espagnole, a été arrêté, selon les autorités marocaines qui ont annoncé l'ouverture d'une enquête.

Colère et indignation

La mort d'Hayat, une jeune femme de Tétouan (nord) issue d'un milieu très modeste, a suscité depuis colère et indignation dans sa ville. Vendredi, à l'appel d'un groupe d'ultras du Moghreb de Tétouan, le club de football local, des dizaines de jeunes ont manifesté sur le chemin du stade.

Certains criaient des slogans promettant de "venger Hayat", la jeune étudiante tuée. D'autres brandissaient des drapeaux espagnols, selon des vidéos diffusées par la presse locale.

Dans le stade, des supporters ont sifflé l'hymne national marocain, ont dit vouloir être "déchus" de la nationalité marocaine et ont crié "Viva España". Certains ont provoqué des troubles en ville après le match, avec quelques dégradations mineures.

Vidéos sur les réseaux sociaux

Depuis début septembre, les réseaux sociaux marocains sont inondés de vidéos montrant des jeunes Marocains en route vers l'Espagne à bord de bateaux pneumatiques. Selon des statistiques officielles, le Maroc est marqué par de grandes inégalités sociales et territoriales, sur fond de chômage élevé chez les jeunes.

Depuis le début de l'année, l'Espagne est devenue la première porte d'entrée vers l'Europe avec près de 38'000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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