Afin d'enrayer des signes «inquiétants» de reprise de l'épidémie de coronavirus, le port du masque est désormais obligatoire dans les lieux publics clos en France. Les contrevenants s'exposent à une amende de 135 euros.
En plein coeur de l'été, cette mesure répond aux signes d'un léger regain du virus: hausse des recours à SOS médecins, des passages aux urgences et du nombre de clusters (cas groupés). La situation reste toutefois sous contrôle.
«Nous constatons qu'il y a des signes inquiétants de reprise épidémique sur le territoire national», a indiqué sur Franceinfo le ministre de la Santé Olivier Véran, mentionnant «entre 400 et 500 clusters de coronavirus», notamment en Mayenne, en Bretagne et dans le Grand Est. Il a toutefois précisé qu'«à ce stade, nous sommes très loin de la deuxième vague».
Le président Emmanuel Macron avait annoncé le 14 juillet que l'obligation de porter un masque entrerait en vigueur le 1er août. Mais la date a été rapidement avancée face aux critiques des médecins qui alertent sur ces «signaux faibles» de reprise de l'épidémie de Covid-19 et le relâchement des mesures barrières.
Déjà obligatoire depuis le 11 mai
«Sauver des vies, protéger les plus vulnérables, réduire la circulation du virus: c'est de notre civisme que dépend la santé de tous», a commenté sur Twitter dimanche le Premier ministre Jean Castex. Le port du masque chirurgical ou «grand public» était déjà obligatoire dans les transports en commun depuis le 11 mai.
Il est désormais imposé à tout le monde dans les «magasins de vente, centres commerciaux, administrations, banques et marchés couverts», a détaillé la Direction générale de la Santé. Ces établissements s'ajoutent à la liste des lieux où le port du masque était déjà prévu pour lutter contre le Covid-19.
Les salles de réunion et de spectacle, cinémas, restaurants, hôtels, salles de jeux, établissements d'enseignement, centre de vacances, bibliothèques, lieux de culte, établissements sportifs couverts, musées, gares et aéroports étaient en effet déjà concernés «parfois avec des règles spécifiques», rappelle la DGS.
«Eviter un reconfinement»
Nouveauté: «le non-respect de cette mesure pourrait être susceptible, comme c'est le cas dans les autres lieux où le port du masque est obligatoire, notamment les transports, d'une amende forfaitaire de 135 euros.
Pour le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, «l'objectif est d'éviter un reconfinement général. On l'a fait en mars parce qu'on ne connaissait pas ce virus et ses conséquences. Cette fois, notre action est plus ciblée, à travers notamment des campagnes de dépistage massif et la maîtrise des clusters».
«L'important c'est que les Français portent le masque non par crainte du gendarme, mais du virus», a-t-il souligné. «On va tout faire pour éviter un confinement généralisé», a abondé l'immunologiste Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique qui guide les autorités françaises pendant la pandémie.
Au niveau national, le taux de reproduction effectif du virus (ou «R effectif», basé sur les tests virologiques positifs) est repassé légèrement au-dessus de 1 depuis la première semaine de juillet, et se situe actuellement à environ 1,20, selon Santé publique France. Cela signifie que chaque malade du Covid-19 contamine en moyenne 1,2 autre personne.
Volte-face
La décision de rendre le masque obligatoire constitue une volte-face du gouvernement français qui, se basant sur les recommandations internationales, notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avait martelé au début de l'épidémie que les masques n'étaient utiles qu'aux soignants et aux malades.
Mais pour les promoteurs de la première heure de son port généralisé, ce discours, en France comme dans d'autres pays, était avant tout destiné à éviter que le grand public ne s'accapare les masques dont manquaient cruellement les professionnels de santé.
Très critiqué pour l'absence d'un stock stratégique suffisant au début de l'épidémie, le gouvernement français veut désormais atteindre l'objectif d'environ 60 millions de masques d'ici fin septembre/début octobre, contre 3,5 millions avant la crise.