Au moins 32 civils ont été tués dimanche dans la région éthiopienne de l'Oromia (ouest) lors d'une attaque menée par un groupe armé, a indiqué lundi la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC). Cet organe parle d'un «massacre».
Ces violences interviennent dans un contexte de violences ethniques croissantes qui mettent sous pression le Premier ministre Abiy Ahmed, lauréat en 2019 du prix Nobel de la paix et originaire de l'Oromia.
«Les chiffres officiels font état de la mort de 32 civils, mais les premiers indices obtenus par l'EHRC laissent penser qu'il est fort probable que le bilan excède ce comptage» initial, a écrit l'EHRC dans un communiqué. Selon elle, «les assaillants ont ciblé les membres de l'ethnie amhara», la deuxième plus importante du pays après les Oromos.
Meurtres «horribles»
Les autorités régionales d'Oromia avaient accusé plus tôt un groupe armé, l'Armée de libération oromo (OLA), d'avoir mené cette attaque, dans la zone de Wollega. «Des citoyens pacifiques ont été tués (...) de manière horrible», avaient-elles indiqué dans un communiqué, sans donner de bilan.
Un survivant, joint lundi par l'AFP au téléphone, a indiqué que l'attaque avait fait des dizaines de morts. Selon lui, les assaillants sont passés à l'attaque peu après le retrait, soudain et inexpliqué, des soldats stationnant dans la zone.
«Après nous avoir rassemblés, ils ont ouvert le feu sur nous, avant de piller le bétail et brûler des maisons», a-t-il raconté: «J'ai compté plus de 50 corps et je sais que d'autres (personnes) ont été touchées par des balles».
Enquête exigée
L'EHRC «exhorte les autorités fédérales et régionales à ouvrir rapidement une enquête indépendante sur cette tuerie et faire la lumière sur les raisons du retrait des militaires de cette zone connue depuis longtemps pour être vulnérable aux attaques».
L'OLA, qui compterait quelques milliers de membres, a fait scission du Front de libération oromo (OLF), un groupe d'opposition qui a renoncé à la lutte armée depuis le retour d'exil de ses dirigeants après l'arrivée au pouvoir de M. Abiy en 2018.
Le gouvernement lui a imputé une série d'assassinats, attentats à la bombe, braquages de banques et enlèvements en Oromia. Dans un communiqué sibyllin publié lundi, M. Abiy a accusé des «forces destructrices, leurs chefs étrangers et leurs courtisans (infiltrés) au sein du gouvernement» de mener des attaques dans le pays, sans autre détail.
«Les forces armées ont été déployées sur le lieu de l'attaque et sont en train de prendre des mesures», a-t-il ajouté, faisant apparemment référence à Wollega.
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