Le pointLes mercenaires de Wagner désormais «instructeurs» au Bélarus
ATS
14.7.2023 - 21:05
Le Bélarus a annoncé vendredi que des mercenaires du groupe Wagner servaient désormais comme «instructeurs» dans son armée. Cela après une longue incertitude sur l'avenir de ce groupe paramilitaire qui avait lancé fin juin une rébellion avortée contre Moscou.
Keystone-SDA
14.07.2023, 21:05
ATS
Au même moment, l'armée ukrainienne, dont la contre-offensive n'est pas aussi rapide que prévu, affirme avancer dans le sud du pays.
Sur le plan diplomatique, les représentants des Etats-Unis et de l'Union européenne ont dénoncé l'attitude «agressive» de leur homologue russe Sergueï Lavrov lors d'une rencontre à Djakarta. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est cependant dit optimiste sur la reconduction de l'accord essentiel pour l'accès du blé ukrainien aux marchés mondiaux.
Ces annonces surviennent après une quatrième vague consécutive de frappes nocturnes russes sur Kiev, lors de laquelle l'armée ukrainienne a affirmé avoir abattu 16 drones explosifs Shahed de fabrication iranienne sur 17. Les précédentes vagues de drones et missiles, coïncidant avec un sommet Otan-Ukraine à Vilnius qui a ulcéré Moscou, n'avaient fait que des blessés.
Bataille pour Bakhmout
Au Bélarus, «les combattants de Wagner jouent le rôle d'instructeurs dans un certain nombre de disciplines militaires», a annoncé le ministère de la Défense de ce pays allié de Moscou, via le territoire duquel la Russie avait lancé ses troupes vers Kiev il y a un peu plus de 16 mois.
Les mercenaires de Wagner ont joué un rôle important dans l'offensive russe en Ukraine, notamment dans la sanglante bataille pour Bakhmout, ville dévastée de l'est dont la capture a été revendiquée en mai par Moscou.
Le 24 juin, lancés par leur patron Evguéni Prigojine, en conflit avec la hiérarchie militaire russe, dans une rébellion contre Moscou, ils avaient occupé pendant plusieurs heures un quartier général de l'armée dans le sud de la Russie, et parcouru plusieurs centaines de kilomètres avec leurs blindés en direction de la capitale, ébranlant le pouvoir russe.
Leur rébellion a pris fin avec un accord prévoyant le départ au Bélarus d'Evguéni Prigojine. Ses combattants s'étaient vu proposer de rejoindre les troupes régulières, de retourner à la vie civile ou de partir eux aussi pour le Bélarus.
Sort de Prigojine incertain
Le sort d'Evguéni Prigojine est lui incertain. Vendredi, plusieurs chaînes Telegram ont publié une photo d'un homme lui ressemblant, assis sur un lit de camp dans une tente.
Quant au général Sergueï Sourovikine, un haut responsable militaire avec lequel le chef de Wagner affichait sa proximité, sa disparition – sans que son arrestation ait été officiellement confirmée – a conforté l'hypothèse de complicités dans l'armée.
Plus au combat
La principale conséquence reste le retrait apparent des mercenaires des combats en Ukraine, selon le Pentagone. «A ce stade, nous ne voyons pas les forces de Wagner participer de manière significative» aux combats, a déclaré son porte-parole, le général Pat Ryder.
Sur le terrain néanmoins, des «combats intenses» continuent entre Russes et Ukrainiens, selon un communiqué de l'état-major ukrainien.
«L'ennemi maintient ses efforts principaux dans les zones de Koupiansk, Lyman, Bakhmout, Avdiivka et Mariinka», dans l'est du pays, selon la même source, qui indique qu'"une vingtaine d'engagements de combat ont eu lieu dans les dernières journées».
Couper les lignes russes
Dans le sud par contre, où les forces ukrainiennes s'efforcent de percer vers la mer d'Azov pour couper les lignes d'approvisionnement russes, «les brigades d'assaut appuyées par des chars ont avancé de 1,7 km» en une semaine en direction de la ville de Melitopol, a annoncé le colonel Mykola Ourchalovitch, un porte-parole de la Garde nationale ukrainienne.
Plus bas, vers la ville de Kherson, sur le Dniepr, les forces ukrainiennes mènent des opérations de reconnaissance et de combat pour «préparer la zone en vue d'actions offensives», a-t-il ajouté.
«Aucune pression»
La contre-offensive de Kiev «n'avance pas si vite», a admis le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak. Mais, deux jours après un sommet Ukraine-Otan parfois tendu à Vilnius, il a écarté toute pression sur Kiev de la part de ses alliés.
«Il n'y a aucune pression, juste une question: 'comment pouvons-nous encore vous aider?'», a-t-il assuré. Quant à l'idée de négociations avec Moscou, «notre position est très claire», a-t-il dit, maintenant qu'il ne pourrait en être question «qu'après que les troupes russes quittent notre territoire».
Les Occidentaux ont du reste dénoncé vendredi l'attitude du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors des discussions de Djakarta avec les pays d'Asie du Sud-Est. Sa participation n'a été «ni constructive ni productive», a relevé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a affirmé de son côté que Sergueï Lavrov s'était emporté contre les critiques de l'invasion russe de l'Ukraine. «Lavrov m'a répondu de manière très agressive et a expliqué son point de vue, disant que tout est 'un complot de l'Occident' et que la guerre continuera», a dit M. Borrell.
Céréales
De son côté le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui revient en force dans les tractations autour de ce conflit après sa réélection, a affiché sa confiance sur l'avenir des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, essentielle pour les marchés mondiaux et l'alimentation en Afrique et au Moyen-Orient notamment.
«Nous nous préparons à accueillir M. Poutine en août. Poutine et moi sommes d'accord sur l'extension du corridor des céréales en mer Noire», a déclaré M. Erdogan à la presse. Le Kremlin a nié avoir fait toute déclaration à ce sujet.