Kenya Meurtre d'un avocat: peines de mort et prison pour trois policiers

ATS

3.2.2023 - 10:49

Trois policiers ont été condamnés vendredi au Kenya à des peines allant de 24 ans de prison à la peine de mort. Ils avaient été reconnus coupables en juillet d'un triple meurtre avec tortures, dont celui de l'avocat Willie Kimani, en 2016.

La police kényane est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits de l'homme (image d'illustration).
La police kényane est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits de l'homme (image d'illustration).
ATS

Keystone-SDA

Willie Kimani, son client Josephat Mwenda et leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri avaient disparu le 23 juin 2016 après une audience dans un tribunal de la banlieue de Nairobi. Leurs corps mutilés avaient été retrouvés une semaine plus tard dans la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de la capitale.

«Le tribunal a considéré ce meurtre comme des plus répugnants, avec une planification et une exécution méticuleuses», a déclaré vendredi devant le tribunal de Nairobi la juge Jessie Lesiit.

Tortures

Les assassinats des trois hommes, précédés de torture, avaient suscité une vive émotion dans le pays et conduit le barreau kényan à décréter une grève des prétoires d'une semaine.

Le client du jeune avocat, un chauffeur de moto-taxi, accusait la police de l'avoir harcelé et intimidé afin qu'il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l'ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015.

Les poignets de Me Kimani avaient été attachés, trois de ses doigts coupés et ses yeux énucléés, selon la presse kényane.

«Abus flagrant»

Un des policiers a été condamné à la peine de mort. «Etant un policier engagé pour protéger des vies, (il) a agi en abus flagrant de sa fonction», a déclaré la juge Lesiit.

Les deux autres policiers ont été condamnés à 24 et 30 ans de prison. Une quatrième personne, qui avait aidé les policiers à se débarrasser des corps, a quant à elle été condamnée à 20 ans de prison. En juillet, la juge avait déclaré que «sur la base des preuves présentées, il n'y a pas d'autre conclusion raisonnable que leur culpabilité».

Les quatre condamnés ont annoncé qu'ils allaient faire appel de la décision. Bien que la peine de mort soit inscrite dans la loi kenyane, la dernière exécution capitale dans ce pays d'Afrique de l'Est remonte à 1987. Ces dernières années, les peines de mort ont été commuées par les présidents.

La police kényane est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits de l'Homme kényanes et internationales.