C'est non!Mike Pence refuse d'invoquer le 25e amendement contre Trump
ATS
13.1.2021 - 05:50
Le vice-président américain Mike Pence refuse d'invoquer le 25e amendement pour démettre le président sortant républicain Donald Trump du pouvoir. Il a adressé une lettre en ce sens à la cheffe démocrate du Congrès Nancy Pelosi.
Cet amendement permet au vice-président, avec le soutien de ses principaux ministres, de déclarer un président inapte à exercer sa fonction.
«J'estime qu'un tel acte n'est pas dans le meilleur intérêt de notre nation ni ne correspond à la Constitution», a écrit Mike Pence à la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, juste avant un vote à la chambre basse sur une résolution lui exigeant d'employer ce levier inédit dans l'histoire américaine.
Sa réponse négative garantit que les démocrates soumettront dès mercredi à l'examen de la Chambre l'acte accusant Donald Trump d'avoir «incité à l'insurrection» lors des violences contre le Capitole le 6 janvier, dans une historique deuxième procédure d'«impeachment».
«D'après notre Constitution, le 25e amendement n'est pas un moyen de punition ou d'usurpation», affirme encore Mike Pence dans sa missive. «L'appliquer ainsi créerait une terrible jurisprudence.» Et d'ajouter que «chaque américain a été choqué et attristé par l'attaque contre le Capitole la semaine dernière».
«Je vous exhorte, ainsi que tous les membres du Congrès, à éviter toute action qui diviserait plus profondément», poursuit-il. «Oeuvrez avec nous pour calmer les esprits et rassembler notre pays tandis que nous nous préparons à investir» Joe Biden comme le «prochain président des Etats-Unis», le 20 janvier.
D'autres républicains pour
Certains élus républicains ont toutefois manifesté leur intention de voter en faveur de la mise en accusation de Donald Trump pour «incitation à l'insurrection» liées aux violences du Capitole, qui marquera l'ouverture d'une procédure historique de destitution. C'est le cas de la numéro trois des républicains à la Chambre des représentants, Liz Cheney.
Dans un communiqué très cinglant, l'élue qui représente à Washington l'Etat très conservateur du Wyoming, affirme que l'attaque du siège du Congrès, en pleine séance extraordinaire le 6 janvier pour confirmer la victoire de Joe Biden face à Donald Trump, n'aurait «jamais pu arriver sans le président» sortant.
«Le président des Etats-Unis a convoqué cette foule hargneuse et allumé la mèche de cette attaque» qui a fait cinq morts, accuse-t-elle. «Il n'y a jamais eu plus grande trahison par un président des Etats-Unis de ses fonctions et de son serment envers la Constitution», a-t-elle conclu en annonçant qu'elle voterait en faveur de l'acte d'accusation, examiné à la Chambre dès mercredi.
«Aucun risque», selon Trump
Majoritaires à la Chambre, les démocrates pensent avoir déjà assez de voix pour que l'acte d'accusation de Donald Trump pour «incitation à l'insurrection» soit adopté. Ce vote marquera l'ouverture d'une nouvelle procédure de destitution lancée contre le milliardaire républicain, à une semaine de son départ prévu de la Maison Blanche le 20 janvier.
Jamais dans l'histoire des Etats-Unis un président n'a été mis en accusation ("impeached") à deux reprises. Contrairement à la première procédure de destitution qui l'avait visé pour l'affaire ukrainienne fin 2019 et début 2020, lorsqu'il avait été acquitté par le Sénat à majorité républicaine, plus de voix s'élèvent contre lui dans son parti.
Donald Trump avait estimé mardi qu'il n'y avait «aucun risque» qu'il soit démis de ses fonctions en vertu du 25e amendement de la Constitution.
Autres voix républicaines?
Deux autres républicains de la Chambre ont annoncé qu'ils voteraient pour sa mise en accusation. Et selon le New York Times et CNN, le chef des républicains au Sénat, le très influent Mitch McConnell, ne la voit pas d'un mauvais oeil, même s'il n'a pas encore dit s'il votera in fine pour destituer Donald Trump.
Celui qui avait tout fait pour faire barrage à la première procédure d'«impeachment» contre le président républicain, il y a tout juste un an, «a dit à son entourage qu'il pense que le président Trump a commis des infractions passibles de destitution», rapporte le quotidien new-yorkais.
Il a aussi fait part de sa «satisfaction de voir les démocrates passer à l'acte pour le mettre en accusation, car il pense que cela permettra au parti de s'en débarrasser plus facilement», ajoute-t-il.