Diplomatique Mike Pompeo se rend en Russie

ATS

14.5.2019 - 21:02

Serguei Lavrov (à droite) a accueilli Mike Pompeo à Sotchi.
Serguei Lavrov (à droite) a accueilli Mike Pompeo à Sotchi.
Source: KEYSTONE/EPA AP POOL/PAVEL GOLOVKIN / POOL

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, en visite à Moscou, a réfuté mardi toute volonté de guerre avec l'Iran de la part des Etats-Unis. Les relations déjà tendues entre Washington et Téhéran se sont envenimées depuis une semaine.

Accusant Téhéran de préparer des «attaques» contre les intérêts américains au Moyen-Orient, le Pentagone a dépêché dans la région un porte-avions, un navire de guerre, des bombardiers B-52 et une batterie de missiles Patriot. Cette mesure s'ajoute aux sanctions décrétées par Washington contre l'économie iranienne pour dénoncer la suspension par l'Iran de ses engagements sur son programme nucléaire.

«Fondamentalement, nous ne cherchons pas une guerre avec l'Iran», a affirmé M. Pompeo lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov après plus de trois heures d'entretiens à Sotchi. Donald Trump, qui avait adressé une ferme mise en garde lundi à l'Iran, a également démenti mardi à Washington tout projet d'envoyer 120'000 soldats au Moyen-Orient, une hypothèse évoquée la veille par le New York Times.

Région «en surtension»

Lundi soir, le quotidien américain avait rapporté que le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, avait présenté la semaine dernière, lors d'une réunion avec des conseillers à la sécurité nationale de M. Trump, un plan pour envoyer jusqu'à 120'000 hommes au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines.

Ce plan, qui n'en est qu'à un stade préliminaire selon le journal, n'appelle pas à une invasion terrestre et le chiffre évoqué est le plus élevé de la fourchette envisagée, précise le New York Times.

«J'espère que le bon sens va l'emporter», a plaidé de son côté Sergueï Lavrov. «La région est déjà en surtension en raison des différents conflits (...) Nous allons contribuer à faire en sorte que la situation ne dégénère pas en scénario militaire».

La Russie, comme les Européens, est favorable à un maintien de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien. Mike Pompeo a déjà eu lundi à Bruxelles des entretiens difficiles avec des responsables européens inquiets d'un possible conflit «par accident».

La crainte d'une escalade dans le Golfe a été alimentée ces derniers jours par de mystérieux «actes de sabotage» contre quatre navires de commerce de différents pavillons.

Rétablir le dialogue

Outre l'Iran, les sujets de discorde entre les Etats-Unis et la Russie ne manquent pas avec notamment le Venezuela, les ingérences russes dans la présidentielle de 2016 et les traités de désarmement. M. Lavrov s'est notamment inquiété de possibles violations américaines du traité de contrôle des armements nucléaires Start arrivant à échéance en 2021.

Mais les deux chefs de diplomatie ont tenté de faire bonne figure en se disant prêts à renouer le dialogue. «Je suis ici aujourd'hui parce que le président Trump est déterminé à améliorer cette relation», a assuré M. Pompeo. «Nous avons des divergences (...) mais nous n'avons pas à être des adversaires sur tous les sujets».

Qualifiant son échange avec le secrétaire d'Etat américain de «franc et utile», Sergueï Lavrov a assuré s'être accordé avec lui «sur l'importance de rétablir les canaux de communication».

Le président russe Vladimir Poutine qui s'est entretenu ensuite avec M. Pompeo a également répété vouloir «rétablir des relations complètes avec les Etats-Unis» malgré les nombreux sujets de désaccord entre les deux puissances rivales.

Collusion: une pure fiction

La Maison Blanche espère de longue date que la fin de l'enquête du procureur Robert Mueller, qui a conclu il y a moins de deux mois à une ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016 mais pas à une quelconque collusion entre l'équipe du candidat Trump et la Russie, permette de tourner la page de relations glaciales entre ces deux pays rivaux.

«J'espère qu'après la récente publication du rapport Mueller les passions vont se calmer et qu'il sera possible d'avancer pour mettre en place un dialogue professionnel entre nos pays», a plaidé le responsable russe, qualifiant de «pure fiction» les accusations de collusion entre Donald Trump et la Russie et démentant de nouveau toute interférence.

Si la Russie s'ingère dans la présidentielle de 2020, «cela aggraverait encore notre relation», a lancé M. Pompeo, demandant à la Russie de «démontrer que ce type d'activités appartient au passé».

M. Poutine a de son côté salué l'enquête «assez objective» de Robert Mueller. Il n'a cependant pas mentionné le fait que ce rapport a bel et bien établi une ingérence russe. La Russie a toujours démenti.

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