Russie Mobilisation «en solitaire» à Moscou

ATS

17.8.2019 - 19:18

N'ayant pas reçu l'autorisation de la mairie pour manifester sur l'avenue Sakharov, des dizaines de partisans des libéraux ont dû se résoudre à manifester «en solitaire» sous la pluie, en tenant des affiches de protestation.
N'ayant pas reçu l'autorisation de la mairie pour manifester sur l'avenue Sakharov, des dizaines de partisans des libéraux ont dû se résoudre à manifester «en solitaire» sous la pluie, en tenant des affiches de protestation.
Source: KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY

Leur rassemblement étant interdit, seuls quelques dizaines de militants d'opposition ont manifesté samedi «en solitaire» dans le cadre du mouvement de contestation électorale qui agite depuis un mois Moscou. Un meeting autorisé des communistes a attiré peu de monde.

Débutée mi-juillet, cette mobilisation contre l'exclusion de candidats à un scrutin local a depuis été fermement réprimée par la police, qui a procédé au total à près de 3000 arrestations. Les meneurs du mouvement ont été emprisonnés, dont le principal opposant au Kremlin, le blogueur anticorruption Alexeï Navalny.

La semaine dernière, lors du quatrième weed-end de protestation, plus de 50'000 personnes s'étaient réunies près du centre de Moscou, lors d'un rassemblement autorisé à l'appel de l'opposition libérale. Du jamais vu depuis les protestations contre le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012.

Devants des monuments

N'ayant cette fois pas reçu l'autorisation de la mairie pour manifester sur l'avenue Sakharov, des dizaines de partisans des libéraux ont dû se résoudre samedi à manifester «en solitaire» sous la pluie, en tenant des affiches de protestation devant plusieurs monuments à Moscou, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cette technique est souvent utilisée par les protestataires russes pour s'exprimer sans avoir à obtenir une autorisation des autorités. Ils peuvent le faire à condition de respecter une distance de 50 mètres entre chaque manifestant, comme l'exige la loi.

Selon l'organisation spécialisée OVD-Info, douze personnes ont été interpellées lors d'une action semblable à Saint-Pétersbourg. A Moscou, des médias locaux ont signalé un incident avec des policiers dans une rue piétonne du centre de la capitale, mais pas de violences ou d'interpellations massives comme lors des précédentes mobilisations.

Rassemblement communiste

En parallèle, un rassemblement autorisé des communistes sur l'avenue Sakharov a réuni un peu plus de 4000 personnes, selon l'ONG White Counter spécialisée dans le comptage des manifestants.

D'ordinaire considérés comme des opposants «tolérés» par le Kremlin, les communistes avaient appelé à manifester pour des «élections honnêtes», bien que leurs candidats n'aient pas été exclus du scrutin en question. Leur dirigeant, Gennadi Ziouganov, avait lui fait savoir qu'il ne soutenait pas la mobilisation de l'opposition libérale.

Le mouvement de contestation a éclaté après le rejet, officiellement pour des vices de forme, de l'enregistrement d'une soixantaine de candidats indépendants à l'élection du Parlement de Moscou. Chargée de valider le budget faramineux de la capitale, cette instance est actuellement composée de fidèles du maire pro-Kremlin, Sergueï Sobianine.

Vidéo accusatrice

Devenue une figure de proue de la contestation, Lioubov Sobol, soutien d'Alexeï Navalny, a publié jeudi une vidéo accusant, documents à l'appui, le président du Parlement moscovite de posséder un luxueux appartement loin de correspondre à ses revenus déclarés. «Voilà pourquoi ils tiennent tant à leurs sièges», a-t-elle accusé sur Twitter.

L'organisation de M. Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption, avait par ailleurs accusé l'adjointe du maire de Moscou en charge des élections d'avoir détourné des milliards de roubles d'argent public dans la gestion du parc immobilier de la municipalité. Le Fonds fait désormais l'objet d'une enquête de la justice pour «blanchiment» d'argent.

Des enquêtes criminelles ont également été ouvertes contre au moins 14 personnes, accusées d'avoir participé à des «troubles massifs» ou des «violences contre les forces de l'ordre». Avec des profils d'étudiants, programmeurs, réalisateurs ou militants politiques, ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.

Les élections du Parlement de Moscou, qui se tiendront parallèlement à d'autres scrutins régionaux et locaux dans le pays, s'annoncent difficiles pour les candidats du pouvoir, dans un contexte de grogne sociale et de stagnation économique.

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