AfghanistanMohammad Hassan Akhund va prendre la tête du gouvernement afghan
ATS
7.9.2021 - 16:53
Les talibans ont annoncé mardi les principaux ministres de leur gouvernement que dirigera Mohammad Hassan Akhund, un proche du mollah Omar, leur fondateur. Ces annonces consolident leur pouvoir malgré des manifestations dispersées à Kaboul.
07.09.2021, 16:53
07.09.2021, 19:23
ATS
Les islamistes, qui s'étaient engagés à former un gouvernement «inclusif», ont nommé Abdul Ghani Baradar, le cofondateur de leur mouvement, en tant que numéro 2 de leur régime. Le mollah Yaqoub, fils du mollah Omar, sera ministre de la Défense. Sirajuddin Haqqani, le leader du réseau éponyme et numéro deux des talibans, obtient le portefeuille de l'intérieur.
«Le cabinet n'est pas complet», a précisé leur principal porte-parole, Zabihullah Mujahid lors d'une conférence de presse. «Nous essayerons de prendre des gens venant d'autres régions du pays», a-t-il ajouté.
Manifestations «illégales» dispersées
Ces nominations sont intervenues après que des coups de feu en l'air ont été tirés mardi à Kaboul pour disperser une manifestation dénonçant notamment la violente répression des talibans dans le Panchir, où un mouvement de résistance s'est dressé contre les nouveaux maîtres du pays.
«Ces manifestations sont illégales tant que les bureaux du gouvernement n'ont pas ouvert et les lois proclamées», a commenté M. Mujahid, qui a «demandé aux médias de ne pas couvrir» ces protestations.
Des centaines d'Afghans ont défilé dans la matinée dans au moins deux quartiers de Kaboul, dénonçant, outre la situation dans le Panchir, l'ingérence du Pakistan, accusé de vouloir contrôler le pays à travers les talibans dont il est très proche.
Près d'une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblés devant l'ambassade du Pakistan, chantant: «Nous ne voulons pas d'un gouvernement soutenu par le Pakistan» et «Pakistan, dégage d'Afghanistan».
Arrestations
Zabihullah Mudjahid a nié tout lien de son gouvernement avec le Pakistan, pourtant dénoncé de longue date par la communauté internationale et l'ancien gouvernement afghan. Le chef des puissants services de renseignement militaires pakistanais, Faiz Hameed, était pourtant ce week-end à Kaboul, où il s'est très probablement entretenu avec des responsables talibans.
Plusieurs journalistes qui couvraient les manifestations ont indiqué avoir été arrêtés, molestés ou avoir eu leur matériel confisqué par ces combattants.
L'Association afghane des journalistes indépendants (AIJA) a indiqué dans un communiqué que 14 journalistes, afghans et étrangers, avaient brièvement été détenus par les talibans avant d'être relâchés, ce qu'elle a «dénoncé .
«Combien de temps?»
Parmi les manifestants figuraient nombre de femmes, qui craignent de voir les talibans les exclure de la vie publique comme lors de leur précédent régime, entre 1996 et 2001.
«Les femmes afghanes veulent que leur pays soit libre, qu'il soit reconstruit. Nous (les Afghans) sommes fatigués», a déclaré à l'AFP une manifestante, Sarah Fahim, originaire de Kapisa, une province du nord-est de Kaboul anciennement sous contrôle de l'armée française et voisine de celle du Panchir.
«Combien de temps cela va-t-il durer, quand nos voix seront-elles entendues? Pourquoi la communauté internationale reste-t-elle silencieuse en voyant tant de gens se faire tuer?», a-t-elle interrogé.
Pays fragmenté
Revenus au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition menée par les États-Unis, les islamistes sont attendus au tournant par la communauté internationale. Ils se sont aussi engagés à respecter les droits des femmes, bafoués lors de leur premier passage au pouvoir. Mais ces promesses peinent à convaincre.
Au cours d'une visite officielle au Qatar, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a indiqué mardi que les talibans s'étaient à nouveau engagés à laisser les Afghans «avec des documents de voyage partir librement» vers l'étranger.