SanctionsMoscou riposte et expulse vingt diplomates tchèques
ATS
18.4.2021 - 22:12
La Russie a annoncé dimanche que 20 employés de l'ambassade tchèque à Moscou étaient désormais «persona non grata» et devaient quitter le pays avant la fin de la journée lundi 19 avril.
Keystone-SDA
18.04.2021, 22:12
ATS
Cette annonce a été faite par le ministère russe des Affaires étrangères, après la convocation de l'ambassadeur tchèque à Moscou, Vitezslav Pivonka. La Russie avait promis plus tôt des mesures de rétorsion après l'expulsion de 18 diplomates russes par la République tchèque qui les accuse d'espionnage.
«Nous exprimons notre vive protestation aux autorités tchèques. Nous prendrons des mesures de rétorsion qui permettront aux auteurs de cette provocation de prendre pleinement conscience de leur responsabilité dans la destruction des fondements (...) des relations entre nos pays», a déclaré dimanche après-midi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Une source a indiqué à l'AFP dimanche que l'ambassadeur tchèque avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères à Moscou. Celui-ci n'a donné aucun détail.
Accusations «infondées»
Qualifiant la décision des autorités tchèques de «sans précédent», Moscou a dénoncé des accusations «infondées et farfelues» portées contre ses diplomates.
«Cette démarche hostile s'inscrit dans le prolongement d'une série d'actions anti-russes entreprises par la République tchèque ces dernières années. On ne peut qu'y voir la trace des Etats-Unis», a poursuivi le ministère.
«Dans un effort pour plaire aux États-Unis dans le contexte des récentes sanctions américaines contre la Russie, les autorités tchèques ont même dépassé leurs maîtres d'outre-mer à cet égard», a-t-il ajouté.
Parallèlement à l'expulsion de 18 diplomates russes identifiés comme des agents des services d'espionnage de Moscou, Prague a assuré samedi avoir «des preuves irréfutables» impliquant des agents du GRU, le renseignement militaire russe, dans l'explosion d'un dépôt de munitions à Vrbetice, qui avait tué deux personnes en 2014.
La police tchèque a indiqué rechercher deux hommes porteurs de passeports russes pour leur rôle présumé dans cette explosion, portant les mêmes noms que les suspects de la tentative d'empoisonnement au Novitchok de l'ex-agent double Sergueï Skripal à Salisbury, en Grande-Bretagne, en 2018.
Manifestants à Prague
A Prague, des manifestants ont barbouillé dimanche de ketchup le mur de l'ambassade de Russie.
«Le meurtre de citoyens tchèques sur leur territoire par un autre pays, c'est presque un acte de guerre», a déclaré à l'AFP Tomas Peszynski, un des manifestants.
Une centaine de personnes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Nous ne sommes pas l'arrière-cour de la Russie» et scandaient «Honte» en agitant des drapeaux de l'UE et de l'OTAN.
La veille, la police avait arrêté sept personnes qui avaient déjà barbouillé le mur de l'ambassade avec du ketchup en guise de sang.
Les deux Russes qui seraient les auteurs du sabotage des dépôts de munitions ont été identifiés comme Alexander Mishkin et Anatoly Chepigov, sur la base d'images vidéo du site.
Soutien de Londres
Londres a exprimé dimanche son soutien à la République tchèque dans cette affaire.
«Le Royaume-Uni soutient pleinement ses alliés tchèques, qui ont révélé jusqu'où les services de renseignements russes sont prêts à aller pour mener des opérations dangereuses et malveillantes en Europe», a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab.
«Nous sommes déterminés et engagés plus que jamais à traduire les responsables de l'attaque de Salisbury en justice et saluons les actions des autorités tchèques pour faire de même», a ajouté le chef de la diplomatie britannique, «la Russie doit renoncer à ces actions, qui violent les normes internationales les plus fondamentales».
Malgré les conclusions de Londres en ce sens, Moscou a toujours démenti toute implication dans l'affaire Skripal.
Jeudi, le ministère des Affaires étrangères britannique avait convoqué l'ambassadeur de Russie à Londres en raison des «activités malveillantes» attribuées à Moscou, dont des cyberattaques et les mouvements de troupes à la frontière ukrainienne.