Médecins Sans Frontières «Nous ne pouvons pas penser à ce qui va arriver encore» à Gaza

sn, ats

7.12.2023 - 12:08

Le président international de Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur les maladies qui vont s'ajouter aux victimes dans la bande de Gaza. Il accuse Israël d'avoir délibérément ciblé un convoi et demande davantage d'évacuations médicales.

Médecins Sans Frontières (MSF) demande un cessez-le-feu immédiat et des évacuations médiales de la bande de Gaza.
Médecins Sans Frontières (MSF) demande un cessez-le-feu immédiat et des évacuations médiales de la bande de Gaza.
ATS

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«Nous ne pouvons même pas penser à ce qui va encore arriver» à Gaza, a affirmé jeudi à la presse à Genève Christos Christou, de retour de la région. «La situation n'est pas durable et est insupportable».

Outre les blessés, des maladies infectieuses commencent à être observées et certaines femmes qui accouchent par césarienne doivent quitter les hôpitaux après quelques heures pour libérer des lits. Sans parler des soins du quotidien et des pauses dans la vaccination.

«Cela doit s'arrêter», affirme M. Christou. «Nous devons nous préparer à tout», ajoute-t-il, partageant les inquiétudes du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sur des problèmes d'ordre public.

Face aux bombardements, MSF, qui rassemble plusieurs centaines de collaborateurs à Gaza «fatigués» et «dévastés» dont 15 internationaux, doit changer chaque jour de dispositif dans les deux hôpitaux dans lesquels elle oeuvre et qui sont opérationnels dans la bande de Gaza.

Appel récent à la Suisse

Avec l'ONU, «nous faisons de notre mieux pour reconstruire ceux qui ne sont pas fonctionnels», insiste le président international. «Ce n'est pas facile», ajoute-t-il. Le matériel manque, de même que l'accès à l'eau et à l'électricité.

Il est favorable à des hôpitaux de campagne que plusieurs pays proposent d'établir. Mais ceux-ci ne doivent que compléter les efforts dans les centres de santé existants, selon lui.

Dans une lettre ouverte lundi au Conseil de sécurité de l'ONU et aux gouvernements, dont la Suisse, MSF demande un cessez-le-feu immédiat. Elle n'a pas encore reçu de réponse mais M. Christou se dit «un peu optimiste» sur le changement de position de certains Etats.

L'organisation a perdu trois collaborateurs dans les bombardements. Notamment l'un d'entre eux dans un convoi ciblé délibérément, selon l'organisation qui souhaite des investigations indépendantes. «Nos emblèmes sont clairement visibles et nous communiquons nos coordonnées», dit le président.

Alerte sur la Cisjordanie

Il demande aussi aux Etats influents d'oeuvrer pour favoriser des évacuations médicales. MSF pourrait s'occuper, depuis son centre d'Amman, d'une cinquantaine de patients qui ont besoin d'une prise en charge urgente.

M. Christou n'a pas pu se rendre dans la bande de Gaza, avec la relance des hostilités. «Je vais continuer à essayer», a-t-il dit. Il a en revanche été témoin d'incursions de l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie.

Les ambulances sont empêchées de quitter l'hôpital du camp pendant 12 à 13 heures et les blessés ne peuvent rejoindre ce site. «Il n'y a rien de pire pour un médecin que de ne pouvoir atteindre ses patients», ajoute M. Christou.

Environ 250 Palestiniens ont été tués depuis octobre dans ce territoire. Le président de MSF relève que le type de blessures change, les civils étant ciblés au ventre, à la poitrine et à la tête, contre d'autres membres auparavant. Il a affirmé que son organisation est la seule à avoir déployé du personnel international dans ce territoire. Et il appelle l'ONU à faire de même.

Pour le moment, la situation n'a pas affecté les efforts de MSF dans d'autres pays. Mais le président redoute un effet étant donné l'attention sur ce conflit par les gouvernements.